Au terme d'une semaine délicate, l'UMP a affiché son unité samedi lors de son Conseil national à la Mutualité à Paris, malgré les quelques piques que se sont lancées à distance Nicolas Sarkozy et Alain Juppé.
Réussir à tenir cette réunion, destinée à préparer les élections départementales de mars, en présence de plusieurs centaines de conseillers nationaux, sans aucun débordement n'était pas gagné d'avance pour le président de l'UMP. Ces derniers jours ont en effet été marqués par la cacophonie sur la conduite à tenir en cas de duel FN-PS, puis par la polémique liée à une conférence rémunérée de M. Sarkozy lundi à Abou Dhabi.
Finalement, personne n'a évoqué cette conférence. Et à peine a-t-on parlé du second tour de la législative partielle du Doubs, dimanche, qui verra s'affronter un candidat PS et une candidate FN .
Tout à sa volonté de "rassembler" son parti, M. Sarkozy a pris soin de donner la parole aux principales personnalités de l'UMP, François Fillon, Alain Juppé, Bruno Le Maire, Xavier Bertrand, candidats déclarés ou potentiels à la primaire de 2016, sans compter Nathalie Kosciusko-Morizet, n°2 du parti, et son grand rival, Laurent Wauquiez, secrétaire général.
La partie a quasiment été gagnée pour M. Sarkozy, si ce ne n'était les huées contre M. Juppé quand ce dernier a évoqué le MoDem et son union avec la droite et l'UDI pour réussir l'alternance en 2017.
Pour revenir aux manettes en 2017 et combattre le Front national, il faut "le rassemblement de la droite et du centre. C'est l'ADN de l'UMP. Partout, il faut l'union de l'UMP, de l'UDI et même du MoDem", a affirmé l'ancien Premier ministre, alors que le président de ce parti, François Bayrou, est honni par la droite depuis sa décision de voter François Hollande en 2012.
- 'Concurrence' -
Toutefois, ces huées n'avaient pas du tout la même intensité que celles essuyées par M. Juppé à Bordeaux, à l'automne 2014 lors d'un meeting de campagne de Nicolas Sarkozy pour la présidence de l'UMP.
M. Sarkozy n'a cependant pas pu s'empêcher de faire la leçon à M. Juppé, qui avait affirmé dès lundi qu'à "titre personnel" il voterait PS dans le Doubs: "Alain, tout le monde ici respecte tes convictions. Mais on n'est pas obligé de céder à toutes les provocations et de répondre au micro à tout moment !".
"Je veux parler d'un mot qui n'est pas tabou: le mot concurrence", a ajouté l'ex-chef de l'Etat, allusion à la primaire pour laquelle, contrairement à M. Juppé, il n'est pas officiellement déclaré. "Ce n'est pas moi qui vais reprocher leurs ambitions aux uns et autres mais il y a un calendrier à respecter: d'abord les cantonales (ndlr départementales en mars), puis les régionales (en décembre), puis la primaire (2016)".
Cette primaire, "nous allons l'organiser sereinement, elle ne doit en aucun cas polluer le travail de fond qu'il nous faut d'abord engager" en vue de l'alternance, a dit M. Sarkozy, qui perd 26 points par rapport à septembre auprès des sympathisants UMP dans un sondage BVA publié samedi.
De son côté, M. Juppé a affirmé son "attachement au parti" et à "son nom", que Sarkozy envisage pourtant de changer en même temps qu'il veut refonder le mouvement pour affermir son leadership sur le parti.
"Nous ne sommes pas dans une crise conjoncturelle classique", a également mis en garde M. Sarkozy. Il faut "reconstruire un véritable corpus idéologique" avec des "réponses fortes et nouvelles pour répondre à "la profonde crise", notamment la "crise d'identité" que traverse la France.
A ce propos, il a affirmé que pendant son quinquennat, il aurait dû rattacher le ministère de l?Identité nationale non à celui de l'immigration mais à celui de la Culture.
Le bureau politique de l'UMP, réuni à l'heure du déjeuner, a également adopté "à l'unanimité" un texte "posant les principes de pensée et d'action" de l'UMP, qui lui servira de "socle" dans le cadre des conventions à venir.
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