Le gouvernement grec se mettait samedi en ordre de bataille avant une semaine de rencontres internationales avec les créanciers de la Grèce qui seront décisives pour la survie financière de ce pays.
Le Premier ministre Alexis Tsipras a convoqué samedi après-midi un conseil des ministres, le troisième en deux jours, avant une réunion de son groupe parlementaire dans la soirée. Il souhaite ainsi préparer son discours de politique générale dimanche devant le Parlement, puis sa stratégie face aux réunions à haut risque qu'Athènes doit avoir la semaine prochaine avec ses partenaires européens.
Le conseil des ministres, qui a duré plus de trois heures, a été "centré sur la politique générale" de M. Tsipras, qui comprend d'une part "un plan-relais", "jusqu'à fin juin", avec des mesures imminentes visant à faire face à "la crise humanitaire" subie par une grande partie de la population en raison des mesures d'austérité, et d'autre part une série de réformes qui seront réalisées sur trois ans, selon une source gouvernementale.
"Le gouvernement est contraint par le mandat populaire de relancer l'économie, procéder à un plan national de réformes pour un système d'impôts juste, lutter contre l'évasion fiscale et la corruption et rendre plus efficace l'administration publique", a indiqué cette source.
Le gouvernement grec veut repartir sur de nouvelles bases face à la "troïka" de ses créanciers (UE, BCE, FMI), avec une dette allégée via des montages financiers sophistiqués et moins de contraintes budgétaires, mais avec un ambitieux programme de réformes, notamment fiscales
Or, les autorités européennes ne semblent pas désireuses de voir la Grèce imposer son propre calendrier en s'affranchissant ainsi de celui, très strict, mis en place par la "troïka".
La majorité des partenaires européens, Berlin en première ligne mais aussi Madrid et Lisbonne, ont en effet fraîchement accueilli les propositions grecques présentées par Alexis Tsipras et son ministre des Finances Yanis Varoufakis pendant leur tournée cette semaine à Rome, Paris, Bruxelles, Francfort et Berlin.
La Grèce va donc jouer son va-tout mercredi à Bruxelles devant l'Eurogroupe extraordinaire, qui réunit les 19 ministres des Finances de la zone euro, avant un sommet de l'Union européenne jeudi.
La directrice générale du FMI Christine Lagarde et le gouverneur de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi vont assister à cet Eurogroupe.
- "Liquidités jusqu'à l'été" -
La Grèce court un risque en voulant faire passer ses idées alors qu'elle doit faire face à de nombreuses échéances de remboursement de dettes.
En ne reconnaissant plus la "troïka", elle accepte ainsi de renoncer presque entièrement à la dernière tranche de 7,2 milliards d'euros d'aide européenne qui devait tomber fin février, à l'exception du remboursement d'une somme d'1,9 milliard d'euros par la BCE et les banques centrales des pays de la zone euro au titre des bénéfices réalisés par celles-ci sur leurs avoirs en titres grecs.
La fermeté risquée du gouvernement de M. Tsipras a poussé l'agence de notation Standard & Poor's à abaisser vendredi la note de la Grèce de "B" à "B-".
Une autre agence de notation, Moody's a elle aussi accentué la pression en plaçant la note grecque "sous examen en vue d'un abaissement".
Le financement de la Grèce ne tient plus qu'à un filet de sécurité de la BCE, le mécanisme "ELA", après la décision mercredi de l'institution monétaire européenne de suspendre le régime de faveur qu'elle avait jusqu'alors accordé aux banques grecques pour emprunter de l'argent.
Le ministre grec de l'Economie Georges Stathakis s'est toutefois voulu rassurant samedi en indiquant que la Grèce ne souffrirait pas d'un manque de liquidités jusqu'à l'été, grâce au renforcement du système de perception des impôts prévu dans le plan du gouvernement.
Alexis Tsipras doit s'entretenir lundi à Vienne avec le chancelier Werner Faymann à la suite d'une invitation de ce dernier.
En marge de la rencontre des ministres des Finances du G20 lundi et mardi à Istanbul, la question grecque pourrait être évoquée "dans les rencontres bilatérales", selon un porte-parole du ministère allemand des Finances.
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