Un proche du pouvoir brésilien, le président de Banco do Brasil, Aldemir Bendine, a été nommé vendredi à la tête du géant pétrolier Petrobras, éclaboussé par un gigantesque scandale de corruption.
"Petrobras informe que son conseil d'administration, lors d'une réunion tenue aujourd'hui (vendredi) a approuvé, à la majorité, l'élection d'Aldemir Bendine au poste de président", a indiqué dans un communiqué le groupe majoritairement détenu par l'Etat brésilien.
M. Bendine, 51 ans, dont la nomination avait été anticipée vendredi matin par les principaux médias brésiliens, succède ainsi à Graça Foster, une proche de la présidente brésilienne Dilma Rousseff, emportée par l'onde de choc du scandale de corruption qui ébranle la plus grande entreprise brésilienne.
Le conseil d'administration de Petrobras, réuni depuis vendredi matin à Sao Paulo, a également approuvé les nominations de cinq nouveaux directeurs, en remplacement de ceux qui avaient démissionné en même temps que Mme Foster.
Quatre sont des cadres de la compagnie. Le cinquième, Ivan de Souza, nommé directeur financier et des relations avec les investisseurs, est un proche du nouveau président auprès duquel il exerçait les mêmes fonctions au sein de Banco do Brasil, la plus grande banque d'Amérique latine.
- Frustration des marchés -
La nomination de M. Bendine, 51 ans, un banquier de carrière qui a travaillé 32 ans à Banco do Brasil, sans expérience dans le pétrole, et proche de l'ancien président de gauche Lula, a été très négativement accueillie par les marchés.
A 15h50 locales (17H50 GMT) les actions préférentielles de Petrobras chutaient de 7,86% à 9,03 réais, et les actions ordinaires de 7,35% à 8,95 réais, entraînant à la baisse l'indice Bovespa (1-43%).
Bendine est "un homme de confiance de l'ex-président Lula. Sa nomination implique donc le maintien d'un lien avec le PT qui n'a pas plu aux marchés", a expliqué à l'AFP l'économiste Eduardo Velho, du consultant INVX Global.
Le scandale Petrobras a éclaté l'automne dernier, en pleine campagne pour les élections législatives et présidentielle qui ont vu la réélection de justesse de la présidente de gauche Dilma Rousseff.
Les enquêteurs ont découvert un système généralisé de pots de vins versés depuis une dizaine d'années par les principales entreprises de construction du pays à Petrobras en échange de contrats. Une partie de ces pots-de-vin étaient selon l'enquête reversés au PT ainsi qu'à de nombreux élus ou partis de sa coalition parlementaire, dont les identités sont pour le moment couverts par le secret.
Le parquet évalue à ce stade à environ 4 milliards de dollars le total des sommes détournées de Petrobras en dix ans.
Le trésorier du PT, Joao Vaccari Neto, a été interrogé jeudi pendant plusieurs heures par la police puis relâché, après avoir été désigné par des suspects comme "l'opérateur du PT" qui recevait des dessous de table.
Le PT nie catégoriquement toute implication.
- Restaurer la crédibilité -
Reconquérir le marché sans compromettre le gouvernement, calculer les pertes dues à la corruption et redorer l'image de la compagnie seront les principaux défis du nouveau président de Petrobras, qui devra aussi prendre soin de rester à l'écart des disputes politiques générées par ce scandale retentissant, selon les analystes.
La nouvelle direction "devra s'isoler de la crise politique" et se concentrer sur "la récupération de la crédibilité de l'entreprise face aux marchés", estime Edmar Fagundes de Almeida, économiste de l'Université fédérale de Rio de Janeiro.
Le premier défi du nouveau président sera de présenter un nouveau bilan du 3e trimestre 2014 qui inclue les pertes d'actifs liées à la corruption.
Dans un contexte de chute des prix du pétrole sur le marché international, "le marché veut savoir quelle est la situation réelle de l'entreprise, combien elle a perdu avec la corruption. Et il est important que le bilan soit certifié par un auditeur externe", affirme Lauro Vilares, analyste à Guide Investimentos.
Pressé par les marchés, Petrobras s'est résolu à publier le 28 janvier ses résultats du 3e trimestre, non seulement en berne, mais encore une fois non-audités, et toujours sans fournir l'estimation de ses pertes liées à la corruption.
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