François Hollande, Angela Merkel et Vladimir Poutine négociaient vendredi soir dans un salon du Kremlin le nouveau plan de paix lancé par les dirigeants européens pour tenter de mettre fin à dix mois de guerre dans l'est de l'Ukraine.
Avant d'arriver à Moscou, le président français et la chancelière allemande s'étaient montrés prudents sur les chances de réussir à convaincre Vladimir Poutine d'accepter ce plan, dont le contenu n'a pas été dévoilé et qui a été défini dans l'urgence face à l'intensification des combats.
Les trois dirigeants ont amorcé vers 19H30 (16H30 GMT) les négociations, sans leurs délégations respectives, a indiqué à l'AFP un porte-parole du Kremlin. Près d'une heure et demiz plus tard, les discussions à trois autour d'une petite table se poursuivaient.
L'initiative de paix franco-allemande, soutenue par Washington, l'Union européenne et l'Otan, a tout de la médiation de la dernière chance après dix mois d'un conflit qui a fait plus de 5.300 morts et a provoqué une crise internationale rappelant les crispations Est-Ouest de la Guerre froide.
Avant de quitter Berlin, Angela Merkel avait énoncé son credo : trouver une solution ukrainienne pour défendre "la paix européenne".
"Nous nous engageons pour mettre fin au bain de sang et pour faire vivre l'accord de Minsk", le seul accord de paix pour l'instant signé par les Ukrainiens comme par les rebelles prorusses, a ajouté la chancelière, avant de tempérer les espoirs de ceux qui pensent que la paix est proche. "Nous ne savons pas si nous allons réussir à parvenir à un cessez-le-feu, si nous allons y parvenir aujourd'hui ou s'il faudra d'autres discussions", a-t-elle insisté.
- Cessez-le-feu à Debaltseve -
"Chacun est conscient que le premier pas doit être le cessez-le-feu mais qu'il ne peut pas suffire et qu'il faut aller chercher un règlement global", a déclaré pour sa part le président français, observant la même prudence que la chancelière. "On ne peut pas préjuger du résultat", a-t-il dit.
La veille au soir, les deux dirigeants européens avaient exposé leur plan au président ukrainien Petro Porochenko.
La présidence ukrainienne a indiqué dans la nuit, après plusieurs heures de négociations, que l'initiative franco-allemande "laisse espérer un cessez-le-feu" alors qu'environ 220 personnes, en majorité des civils, ont péri dans les bombardements et les combats pendant les seules trois dernières semaines.
Illustration de l'urgence sur le terrain : la situation à Debaltseve, une ville de l'Est tenue par l'armée ukrainienne et presque encerclée par les rebelles prorusses. Vendredi, une trêve de quelques heures y a été conclue pour permettre l'évacuation en urgence des civils pris entre les bombardements des deux camps. Une vingtaine d'autocars ont permis le transport de civils, majoritairement en territoire contrôlé par les Ukrainiens.
Partout le long de la ligne de front, les bombardements ont été moins nombreux, première accalmie après des semaines de déchaînements de violences. Mais au moins deux soldats et un civil ont péri au cours des dernières 24 heures.
En fait de plan de paix, l'initiative franco-allemande est plutôt une "contre-proposition" de plan de paix, Vladimir Poutine ayant soumis il y a quelques jours, selon des responsables russes et américains, des idées à Angela Merkel et François Hollande. Ces derniers en ont alors fait part mercredi aux Etats-Unis et à l'Ukraine, et ont dans la foulée préparé leurs contre-propositions.
Cette "nouvelle proposition de règlement sur le conflit" garantit "l'intégrité territoriale de l'Ukraine", a assuré le chef de l'Etat français, tout en avertissant Moscou que le temps était désormais compté et que "l'option de la diplomatie ne peut être prolongée indéfiniment".
Selon des informations publiées dans la soirée par le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, mais démenties par Berlin, ce plan prévoirait de "conclure un cessez-le-feu immédiat" contre une "autonomie plus grande accordée aux séparatistes, sur un territoire plus vaste que celui envisagé jusqu?ici".
- Obama réserve sa réponse sur les armes -
Parallèlement à l'initiative franco-allemande, les Etats-Unis continuaient de réfléchir à la possibilité de livrer des armes à l'armée ukrainienne, qui accumule les revers dans les régions séparatistes de Donetsk et de Lougansk.
Mais en visite jeudi à Kiev, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a douché les espoirs du gouvernement ukrainien quant à une annonce immédiate sur la livraison d'armes à l'Ukraine en disant que Washington privilégiait "une solution diplomatique".
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