Mensonge, intimidation, théorie du complot: le ton est monté et de grands mots ont été lâchés vendredi, au cinquième jour du procès du Carlton, lors de la confrontation animée entre une ancienne prostituée et deux des prévenus jugés pour proxénétisme aggravé.
"Tout est orchestré, tout est organisé", assure le prévenu Emmanuel Riglaire. Dans une de ces longues tirades dont l'avocat qu'il est a l'habitude, il dénonce une affaire montée dans le but de "cueillir" Dominique Strauss-Kahn, ancien président du Fonds monétaire international (FMI).
"C'est la destruction d'un presque candidat à la présidentielle quand il est mûr", ajoute-t-il, s'emportant contre un "cabinet noir à Paris" qui, selon lui, s'intéressait de près au dossier et organisait des fuites dans la presse.
"Je pense qu'il n'y a pas eu de complot contre un homme politique au départ, mais que cela le devient après", explique-t-il longuement, revenant sur la genèse de l'affaire qui visait à l'origine le souteneur Dominique Alderweireld, dit Dodo-la-Saumure, dont il fut l'avocat.
Bien qu'absent physiquement, DSK, qui ne doit comparaître qu'à partir de mardi prochain, était donc replacé au coeur de l'affaire.
Pris à parti par Mounia, ancienne prostituée qui fut également sa cliente, Emmanuel Riglaire se défend contre celle qui est aussi, souligne-t-il, l'une des "principales accusatrices de Dominique Strauss-Kahn".
- 'Vous voulez m'intimider!' -
Tout au long de l'audience, qui devait éclairer les rapports entre trois des prévenus, Emmanuel Riglaire, René Kojfer et l'entrepreneur David Roquet, l'ambiance a été électrique.
"Vous voulez m'intimider !", gronde, furieuse, Mounia, lorsque René Kojfer, ancien chargé des relations publiques de l'hôtel, sort de sa réserve et s'adresse directement à elle.
"Vous êtes un menteur!", accuse-t-elle à trois reprises.
L'affrontement est rude, tout le monde s'en mêle, jusqu'au brouhaha.
Les débats, où la rancune est perceptible, perdent toute sérénité, et doivent être constamment recadrés par le président Bernard Lemaire.
Emmanuel Riglaire, avocat lillois, premier du cercle des notables parmi les prévenus à paraître à la barre, laisse éclater sa colère et son chagrin.
"Il n'y a que des gens abîmés dans cette salle", déclare-t-il, des sanglots dans la voix.
"Je ne pardonnerai jamais à ceux qui nous ont entraînés devant ce tribunal et ont assuré la publicité du dossier", lance l'avocat, inscrit au barreau de Lille depuis 20 ans, en évoquant les conséquences de l'affaire, sur sa famille notamment.
Pour sa part, Mounia en veut à Emmanuel Riglaire, persuadée qu'il l'a donnée en pâture aux médias, puis a été la source des intimidations qu'elle a subies.
L'affrontement est d'autant plus sévère que leurs relations ont été ambivalentes. "Il a été un amant et un client", explique Mounia.
Emmanuel Riglaire a d'abord été son avocat dans un dossier familial. Ils se sont revus, ont entamé une relation, une relation que son accusatrice qualifie à plusieurs reprises de "tarifaire".
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