Les auto-écoles ont lancé vendredi matin une opération escargot à Paris, se rassemblant dans plusieurs secteurs avant de rejoindre le Champ-de-Mars à midi, pour contester la réforme du permis de conduire qui, selon elles, menace leur survie.
A la mi-journée, 860 véhicules d'auto-écoles, selon la police, 2.000, selon les organisateurs, sont arrivés klaxon hurlant à proximité du Champ-de-Mars, non loin de la Tour Eiffel, après s'être rassemblés dès 7H30 à différentes portes parisiennes, près du périphérique, engendrant une faible perturbation du trafic francilien.
"Auto-écoles en colère, Macron démission", criaient les manifestants, a constaté une journaliste de l'AFP.
Lundi, les professionnels prévoient de manifester de nouveau à Paris et dans plusieurs villes de province comme Bordeaux, Lorient, Marseille, Nancy, Limoges, Clermont-Ferrand ou Alès.
Contrat de formation et d'évaluation à distance, possibilité pour les loueurs de voiture équipée de double commande de former les conducteurs, recours à d'autres intervenants que les inspecteurs pour les examens pratiques au permis: les professionnels dénoncent des amendements à la loi Macron qui vont à "l'encontre de la profession et donc de la sécurité routière".
Les mesures proposées par le gouvernement vont "à l'encontre de la sécurité routière", s'est inquiété le Conseil national des professions de l'automobile (CNPA) dans un communiqué, dénonçant des "enjeux de pouvoir" entre les ministères de l'Intérieur et de l'Economie.
- 'Au mépris des intérêts des élèves' -
La réforme du permis de conduire instaurée dans la loi Macron et votée à l'Assemblée nationale la semaine dernière prévoit entre autres 45 jours d'attente maximum entre deux passages à l'examen de conduite, le recours à des agents d'entreprises publiques comme La Poste pour assurer certaines missions des inspecteurs (le code).
Emmanuel Macron "entend libéraliser le secteur, au mépris des intérêts des élèves", estime le CNPA, qui rappelle que l'objectif fixé par le gouvernement est de faire passer le nombre de morts sur les routes sous la barre des 2.000 d'ici 2020, après une hausse de la mortalité routière en 2014, la première en douze ans.
"Ca fait six mois qu'on travaille avec les services du ministère de l'Intérieur pour réformer le permis de conduire", souligne Frédéric Martinez, directeur du réseau d'auto-écoles ECF, agacé que "les amendements au projet de loi Macron viennent tout court-circuiter" alors que les organisations s'apprêtaient à remettre les conclusions de leurs travaux "dans les semaines à venir".
Par exemple, "supprimer l'obligation des 20 heures de cours minimum" pour passer le premier examen pratique est "un mauvais message", "un message politique et démagogique" quand on sait qu'"en moyenne, les candidats font 35 heures de cours avant de se présenter à l'examen", estime M. Martinez.
"La profession en a ras-le-bol", peste Xavier Savignac, vice-président du réseau d'auto-écoles CER, qui demande que "le ministre de l'Intérieur reprenne le dossier en main parce que cette réforme mérite mieux que quelques amendements".
"On donne l'impression que les auto-écoles font exprès de faire durer les formations pour s'en mettre les poches, mais un directeur d'agence gagne 1.850 euros net pour 200 heures de travail", ajoute M. Savignac.
"On a peur de perdre notre emploi", renchérit Jessica, qui souhaite garder l'anonymat. Pour cette gérante d'auto-école à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), la "libéralisation" du secteur permettra à "n'importe qui de se mettre à son compte: un auto-entrepreneur, sans formation, pourra donner des cours librement".
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.