François Hollande et Angela Merkel sont attendus à Kiev jeudi pour exposer un plan de paix qu'ils soumettront le lendemain à Vladimir Poutine, auquel Washington réclame un engagement concret pour un cessez-le-feu alors que le conflit s'intensifie dans l'est du pays.
L'initiative des dirigeants européens intervient au moment où le secrétaire d'Etat américain John Kerry se trouve à Kiev pour discuter avec les autorités pro-occidentales de l'opportunité de livraisons d'armes à l'Ukraine afin de renverser la situation sur le terrain, où l'armée ukrainienne est en très mauvaise posture face à des rebelles prorusses au moral regonflé par l'enchaînement des victoires militaires et conforté dans leur ambition d'étendre leur territoire.
"Il doit y avoir un engagement immédiat à un réel cessez-le-feu", a déclaré M. Kerry lors d'une conférence de presse conjointe avec le président ukrainien Petro Porochenko. Il a dénoncé le conflit comme une "agression russe" et appelé Moscou à cesser son soutien aux rebelles.
"Nous ne cherchons pas de conflit avec la Russie", a par ailleurs assuré M. Kerry alors que Moscou et Washington connaissent la pire crise dans leurs relations depuis la chute de l'URSS en 1991.
"Nous voulons une solution diplomatique, mais nous ne pouvons pas fermer les yeux lorsque les chars, depuis la Russie, traversent la frontière et arrivent en Ukraine", a-t-il ajouté.
"Nous ne pouvons pas fermer les yeux lorsque des combattants russes en uniformes sans insigne traversent la frontière", a-t-il poursuivi avant d?énumérer les mesures visant à mettre fin au conflit qui a fait plus de 5.300 morts en dix mois: retrait des armes lourdes de la ligne du cessez-le-feu, retrait des "troupes étrangères" et respect de la frontière entre la Russie et l'Ukraine.
M. Kerry n'a en revanche rien dit sur d'éventuelles livraisons d'armes létales américaine à l'Ukraine.
Les Etats-Unis avaient déjà débloqué 118 millions de dollars d'aide militaire pour Kiev en novembre, mais ses livraisons se limitaient jusqu'à présent à des équipements dits "non-létaux": gilets pare-balle, équipement médical ou radars.
Quant aux fournitures d'armes "létales", Washington a longtemps écarté cette idée avant de commencer à l'envisager, selon des responsables américains, en raison de l'importance de l'appui apporté par la Russie aux rebelles.
- Initiatiative diplomatique -
Vers 15H00 GMT, le président Hollande et la chancelière Merkel doivent atterrir à Kiev pour y exposer leur plan de paix, tentative diplomatique la plus insistante à ce jour pour régler ce conflit aux portes de l'Europe qui a fait plus de 5.300 morts en dix mois.
Vendredi, les deux dirigeants européens, principaux médiateurs dans la crise ukrainienne, vont tenter de convaincre Vladimir Poutine à contribuer à une désescalade dans ce conflit qui a provoqué la pire dégradation des relations entre la Russie et l'Occident depuis la fin de la guerre froide.
L'annonce de cette visite surprise a été faite par le président français depuis Paris.
"Nous ferons une nouvelle proposition de règlement sur le conflit lui-même, qui sera fondée sur l'intégrité territoriale de l'Ukraine. Nous irons la discuter avec le président (Petro) Porochenko et vendredi à Moscou avec le président russe", a déclaré M. Hollande.
"L'option de la diplomatie ne peut être prolongée indéfiniment", a-t-il ajouté en marquant cependant sa différence avec l'attitude des Etats-Unis: "la France ne rentre pas dans le débat sur la fourniture des armes à l'Ukraine".
L'Otan et l'UE ont aussitôt soutenu la nouvelle initiative franco-allemande, qui intervient au moment où les combats ont connu un nouveau pic d'intensité ces dernières semaines avec des centaines de morts. Rien que jeudi, les bilans séparés de Kiev et des séparatistes ont fait état d'au moins 24 morts dont 19 civils ces dernières 24 heures.
L'Otan a par ailleurs décidé jeudi de renforcer sa présence sur son flanc est, en approuvant la création d'une nouvelle force de réaction de 5.000 hommes et de six "centres de commandement", qui répondraient à "l'agression" de la Russie en Ukraine, selon M. Stoltenberg.
L'Union européenne a de son côté annoncé l'élargissement des sanctions déclenchées par la crise en Ukraine. Dix-neuf personnes, dont aucune cependant n'est "de premier plan", et neuf entités seront ajoutées à sa liste noire de sanctions, selon de sources européennes. Cinq de ces personnalités et une des entreprises sont russes, selon la même source.
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