Moussa Coulibaly, qui a agressé mardi trois militaires à Nice devant un centre communautaire juif, a commencé mercredi à parler sporadiquement durant sa garde à vue, exprimant sa haine de la France, de la police, des militaires et des juifs.
Répondant à une question sur dix après avoir longtemps gardé le silence, il a aussi déclaré qu'à ses yeux les musulmans étaient persécutés dans le monde, a indiqué une source proche de l'enquête à l'AFP. L'homme de 30 ans, qui se serait radicalisé depuis 2011, doit être transféré "jeudi après-midi" à Paris pour la suite de sa garde à vue, selon cette même source.
Refoulé il y a une semaine de Turquie et surveillé par les services de renseignement français, il séjournait depuis son retour le 29 janvier à l'hôtel Azurea, près de la gare de Nice, où les enquêteurs ont notamment trouvé une prière écrite de sa main adressée à Allah.
Mais l'homme n'a pas révélé mercredi s'il savait que les militaires agressés étaient en faction devant un centre communautaire abritant discrètement dans une cour en retrait de la rue, le Consistoire israélite de Nice, Radio Shalom et une association juive, malgré ses déclarations visant notamment les militaires et les juifs.
"Cette tentative d?assassinat visait des soldats parce qu?ils étaient des militaires", avait insisté mardi soir Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, tout comme le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, en rendant visite dans leur caserne aux trois militaires agressés.
Dans les locaux du centre communautaire juif, le rabbin Franck Teboul, estimait mercredi qu'il ne fallait "pas tomber dans la psychose". "Il est probable que le centre n'a pas été visé", a-t-il dit à l'AFP. "A ce stade nous n'avons aucune information", avait commenté mercredi après-midi le président du Consistoire israélite de Nice, Maurice Niddam, en rendant hommage aux militaires.
La garde à vue de Moussa Coulibaly, qui n'a a priori aucun lien de parenté avec Amédy Coulibaly, auteur de la prise d'otages sanglante dans un hypermarché casher en début d'année, peut durer 96 heures dans le cadre de l'enquête ouverte pour tentatives d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste.
- 300 militaires à Nice -
Après l'agression de mardi, Manuel Valls a annoncé à l'Assemblée nationale que le plan Vigipirate allait passer au niveau "alerte attentat" dans les Alpes-Maritimes, une mesure saluée par le maire UMP de la ville Christian Estrosi, qui la réclamait depuis les attentats parisiens de janvier.
Quelque 300 militaires sont actuellement déployés à Nice sur une trentaine de sites sensibles.
Le ministère de la Défense a pour sa part entamé une réflexion, qui n'est pas liée directement à l'agression de Nice, pour savoir si les militaires "en posture de garde statique" doivent "évoluer vers une posture plus mobile". "Cela donnera plus de souplesse et rendra les militaires moins vulnérables", a expliqué le ministère.
Le préfet des Alpes-Maritimes a décoré mercredi les trois militaires, Jamel, Gabin et Hervé, de la médaille d'or d'honneur pour acte de courage et de dévouement.
Moussa Coulibaly, connu pour des faits de droit commun commis à Mulhouse entre 2006 et 2009, avait été interpellé immédiatement après son agression, au cours de laquelle il a blessé légèrement mardi vers 14H00 deux militaires avec un long couteau avant d'être finalement maîtrisé par un troisième.
L'agresseur des militaires avait été repéré mi-décembre par les services de police, alors qu'il faisait du "prosélytisme agressif" dans une salle de sport des Yvelines, dont il avait été exclu pour son "comportement douteux et suspect", selon le groupe Moving.
Après s'être déjà rendu à Nice les 25 et 26 janvier, Moussa Coulibaly avait attiré l'attention de la police aux frontières en cherchant à acheter à Ajaccio un aller simple pour la Turquie. L'agence de voyages lui avait finalement vendu un aller-retour pour le 28 janvier vers la Turquie en passant par Nice et Rome, selon une source proche de l'enquête.
La DGSI, alertée, avait alors demandé aux autorités turques de le refouler, ce qu'elles ont fait le 29 janvier.
Dans les Yvelines, la police a perquisitionné mardi son domicile au Val-Fourré, à Mantes-la-Jolie et entendu mardi soir sa mère, une s?ur et un frère.
Peu avant l'agression, l'agresseur avait été verbalisé dans le tramway, accompagné d'un homme de 43 ans, également interpellé mardi. Ce dernier a toutefois été relâché mercredi, n'ayant "aucun lien" avec Moussa Coulibaly, selon un enquêteur.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.