D'un entremetteur hôtelier "amoureux", initiateur de l'affaire dite du Carlton, à la réfutation d'un complot anti-DSK par un ancien commissaire, le tribunal a fait le grand écart mercredi au cours d'une longue journée d'audience.
"J'ai lu plusieurs articles où l'on reprenait cette thèse du complot, ou d'instrumentalisation de la police pour faire tomber M. Strauss-Kahn, mais je n'ai jamais entendu parler de Strauss-Kahn. Je l'ai entendu dans la presse ensuite", explique Joël Specque, ancien chef de la division criminelle de la police judiciaire de Lille.
M. Specque a fait face pendant près de deux heures aux assauts des avocats de la défense, qui ont fondé en grande partie leur requête en nullité déposée en début de procès sur les révélations de l'existence d'écoutes administratives, demandées par le policier à l'été 2010, soit avant l'enquête qui a mis à jour le dossier dit du Carlton.
L'ex-policier est resté obstinément muet sur le contenu de ces "interceptions de sécurité" et s'est borné à les justifier par la "prévention de la criminalité organisée".
"Vous croyez que le secret défense est en jeu dans cette affaire?", s'offusque Me Henri Leclerc, conseil de Dominique Strauss-Kahn, l'ancien favori du PS dans les sondages en vue de la présidentielle de 2012.
"Et voilà que malgré le secret défense on ne nous dit que ce qu'il n'y avait pas", s'étrangle alors l'avocat.
- Kojfer, l'homme "amoureux" -
Une grande partie de la journée avait auparavant été consacrée à clôturer le volet des "hôteliers", le cercle proche de l'hôtel Carlton, avec pour personnage central René Kojfer, alors chargé des relations publiques.
Une nouvelle fois, le tribunal l'a sommé de s'expliquer sur son rôle d'"entremetteur".
"Quand je l'ai vue, j'ai eu un coup au coeur", raconte-t-il, à propos d'une jeune fille de 18 ans rencontrée dans la rue. "Je l'ai draguée, elle était très jolie. Je suis tombé amoureux", résume-t-il.
"Vous tombez souvent amoureux", note le président du tribunal Bernard Lemaire, et René Kojfer acquiesce. "Bah, c'est pas interdit", soupire M. Lemaire.
C'est une longue liste en effet que les "dossiers" de René Kojfer, ces jeunes filles qu'il "présentait" à ses amis.
Le président rejoue des conversations entre lui et ses contacts, largement retranscrites dans le dossier de l'accusation. Des écoutes où il semble apparaître comme un proxénète au sens juridique, mettant en relation des femmes avec ses connaissances.
Là encore, René Kojfer joue de sa litote préférée: "Toutes ces personnes sont tombées amoureuses enfin amoureux façon de parler".
- "Par amitié" -
"Ils voulaient avoir une prestation sexuelle tarifée?", s'enquiert le président. "Certainement", répond René Kojfer.
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