Au lendemain du lancement de l'offensive tchadienne au Nigeria contre Boko Haram, les islamistes nigérians ont mené mercredi matin une contre-attaque meurtrière tuant près de 70 civils dans une localité camerounaise frontalière, d'où ils ont été finalement repoussés.
"Les civils (tués) sont nombreux, presque 70. Les militaires sont au nombre de six. Les BH (Boko Haram) sont couchés partout", a affirmé une source sécuritaire présente à Fotokol.
Une source proche des services de sécurité a confirmé ce bilan: "Nous avons perdu six militaires. Il y a trop de civils (tués)".
En fin de journée, la cité de Fotokol, sous haute protection militaire et où le calme est revenu en milieu de matinée, pansait ses plaies. Des habitants attendaient des nouvelles de proches portés disparus, a indiqué à l'AFP l'un d'eux, sous couvert d'anonymat.
La veille, au premier jour de son offensive terrestre sur le sol du Nigeria, l'armée tchadienne avait chassé les islamistes de la ville frontalière de Gamboru, voisine de Fotokol, selon son état-major.
A l'aube mercredi, de nombreux islamistes partis de Gamboru et de petits villages nigérians frontaliers du Cameroun se sont infiltrés dans Fotokol et ont attaqué la ville. Ils tentaient ainsi de prendre à revers les soldats tchadiens déployés à Gamboru -séparée de Fotokol par un grand pont surplombant la rivière frontalière-, alors occupés à une vaste opération de ratissage à la recherche d'islamistes embusqués.
"Je connais au moins dix personnes qui ont été tuées. Il y a parmi elles deux de mes amis, deux frères", a témoigné sous couvert d'anonymat un habitant originaire de Fotokol réfugié dans une autre localité. "Ils (Boko Haram) ont égorgé des gens, dont le grand marabout de la mosquée. Ils ont brûlé des maisons et la grande mosquée".
- Tués à la mosquée -
"Boko Haram a fait vraiment beaucoup de dégâts ici ce matin. Ils ont tué des dizaines de personnes, au moins 20 à la grande mosquée", a assuré un autre habitant, Umar Babakalli, ajoutant: "dans une autre mosquée, aucun fidèle n'a pu s'échapper".
Mardi, l'armée tchadienne avait lancé son offensive terrestre au Nigeria depuis Fotokol après de violents bombardements aériens et d?artillerie sur Gamboru, désertée par la population.
Ces combats ont fait neuf morts et 21 blessés côté tchadien et "plus de 200" dans les rangs de Boko Haram, selon l'état-major tchadien.
Les attaques incessantes de Boko Haram, qui étend depuis des mois son emprise dans le nord-est du Nigeria, menacent de plus en plus l'équilibre régional en pesant sur les frontières du Cameroun, du Niger et du Tchad. Ils ont entraîné la réaction militaire de N'Djamena, soucieuse d'empêcher des infiltrations de jihadistes sur son sol et de maintenir ses principales voies de ravitaillement.
-'Intégrité territoriale du Nigeria'-
De nombreux islamistes étaient présents depuis des mois dans ces villages nigérians proches de Fotokol. Jusqu'à présent, leurs tentatives d'incursion à Fotokol ont toujours été repoussées.
Mardi, l'aviation tchadienne avait pilonné les positions des islamistes à Gamboru. Des combats au sol ont opposé islamistes nigérians et soldats tchadiens, mais ces derniers ont pris le dessus et ont pu entrer dans la ville nigériane où ils ont passé leur première nuit en territoire nigérian.
Devant la contre-attaque de Boko Haram, des troupes tchadiennes ont retraversé la frontière mercredi pour épauler les forces camerounaises à Fotokol. Les tirs ont progressivement cessé en milieu de matinée, a constaté un journaliste de l'AFP.
L'armée nigériane, incapable d'enrayer seule l'expansion militaire de Boko Haram, a assuré mardi que la présence de troupes tchadiennes ne remettait pas en cause "l'intégrité territoriale du Nigeria", à dix jours de l'élection présidentielle.
Le chef de l?État Goodluck Jonathan vise un nouveau mandat dans un pays miné par les attentats et les attaques de Boko Haram. Mercredi, la commission électorale a annoncé qu'elle envisageait de repousser la date limite de distribution des cartes d'électeurs mais réfuté tout projet de report du scrutin, démentant ainsi des articles de presse dans ce sens.
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