Le parquet a requis mercredi une peine de 30.000 euros d'amende, qui si elle n'est pas acquittée se transforme en emprisonnement, à l'encontre du polémiste Dieudonné, poursuivi pour "apologie du terrorisme" pour avoir écrit "Je me sens Charlie Coulibaly".
Le tribunal correctionnel de Paris a mis son jugement en délibéré au 18 mars.
Le message sur Facebook, rapidement retiré, avait été posté le 11 janvier, alors que des millions de personnes à travers le pays venaient de défiler pour rendre hommage aux 17 victimes des attentats ayant visé Charlie Hebdo, des policiers et des juifs.
Dieudonné M'Bala M'Bala qualifiait la marche d'"instant magique égal au Big Bang qui créa l'Univers".
"Sachez que ce soir, en ce qui me concerne, je me sens Charlie Coulibaly", ajoutait-il, associant le slogan de soutien au journal satirique, "Je suis Charlie", au nom d'Amédy Coulibaly, qui a tué quatre hommes juifs dans un supermarché casher et une policière municipale.
En début d'audience, Dieudonné a assuré que "bien évidemment" il condamnait "sans aucune retenue et sans aucune ambiguïté les attentats".
A la barre, il a affirmé qu'il avait voulu participer à la marche à Paris, que ses avocats avaient pris contact avec le ministère de l'Intérieur, mais, selon lui, n'avaient eu aucune réponse. Il s'est senti "exclu", traité comme un "terroriste", un "paria", un "pestiféré".
Il a affirmé avoir finalement participé à une marche dans la commune d'Eure-et-Loir où il réside, sans parvenir à en convaincre les avocats des associations qui se sont constituées parties civiles à l'audience.
Selon lui, le message qui lui vaut de comparaître devant la justice était en réalité "une parole de paix".
- 'Volontairement provocateur, toujours ambigu' -
Pourquoi "Charlie Coulibaly" et non Kouachi, du nom des deux frères qui ont perpétré l'attentat contre Charlie Hebdo qui a fait 12 morts?
Car Amédy Coulibaly est celui qui "met une balle dans le dos" de Clarissa Jean-Philippe, policière municipale antillaise, qui "ressemble trait pour trait à ma fille".
Une version qu'il n'avait jusqu'alors jamais invoquée, a fait remarquer la procureure Annabelle Philippe.
Face à un Dieudonné qui se défend d'avoir voulu faire l'apologie du terrorisme et choquer les proches des victimes, la magistrate du parquet a fait valoir qu'il tient des propos "qui sont toujours volontairement provocateurs, toujours faussement ambigus": "Il pèse chacun de ses mots, il sait justement qu'il va être borderline", "il sait qu'il va faire un tollé, créer le buzz, il sait pertinemment comment il va être reçu".
Et si l'on veut adresser un "message de paix", "il vaut mieux qu'il soit clair", a-t-elle lancé, soulignant que Dieudonné a choisi celui des terroristes qui a tué quatre juifs dans le magasin parisien Hyper Cacher en raison de leur religion.
La représentante du parquet a estimé que Dieudonné présente "sous un jour favorable" les actes de Coulibaly, lui accorde un statut de "héros" et mettait sur le même plan les victimes des attentats et l'un de leurs auteurs.
Elle a souligné le contexte d'une France "sous le choc" après ces attentats qui ont visé "tous les symboles de la République", et rappelé que Dieudonné a été condamné à sept reprises pour des propos antisémites.
Face au "deux poids deux mesures" souvent invoqué par les partisans de Dieudonné, Mme Philippe s'est attachée à faire preuve de pédagogie en expliquant que "la liberté d'expression en France n'est pas absolue" et que lorsqu'elle n'est "plus qu'un moyen" pour "mettre à mal" les valeurs de la République, ses abus sont punis par la loi.
"Cette audience, on la doit au Premier ministre Manuel Valls et à Bernard Cazeneuve", le ministre de l'Intérieur, a plaidé l'un des avocats de l'humoriste controversé, Me Sanjay Mirabeau.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.