La Grèce a proposé mercredi à l'UE un plan de réformes et de financement sur quatre ans, et frappé à la porte de la BCE pour tenter de "garder la tête hors de l'eau", affichant son "optimisme" sur la possibilité de trouver un compromis avec ses créanciers.
Les nouveaux dirigeants grecs ont poursuivi leur tournée européenne pour tenter de convaincre de la nécessité d'alléger le fardeau de la dette colossale de leur pays. Le Premier ministre, Alexis Tsipras, est passé par Bruxelles avant de rencontrer le président François Hollande à Paris.
Son ministre des Finances, Yanis Varoufakis, s'est rendu lui au siège de la Banque centrale européenne à Francfort, avant une rencontre cruciale jeudi avec son homologue allemand, Wolfgang Schaüble. La chancelière Angela Merkel a estimé qu'il n'existait pas de divergences "sur le fond" entre les Etats membres de la zone euro, à quelques jours du sommet des chefs d'Etat ou de gouvernement du 12 février.
Le président François Hollande a prôné "deux principes": la "solidarité" mais aussi le "respect () des règles européennes qui s'imposent à tous". Alexis Tsipras a de son côté appelé la France à jouer "un rôle prépondérant, de garant" pour la croissance en Europe.
Auparavant, à Bruxelles, il avait proposé la préparation avec l'Union européenne d'un plan de réformes et de financement sur quatre ans (2015-2018), a indiqué une source gouvernementale à Athènes. Ce plan comprend un programme "radical" en matière de lutte contre la corruption et la fraude fiscale, couplé à un allègement des obligations budgétaires de la Grèce, a ajouté cette source.
Le Premier ministre a aussi évoqué la possibilité d'un "accord transitoire" donnant à la Grèce la marge financière lui permettant de préparer ce plan "en commun" avec l'UE, a-t-on précisé de même source à l'issue d'une rencontre avec le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.
- "Efforts acharnés" -
M. Tsipras s'est dit "très optimiste" sur la possibilité de "trouver une solution commune viable pour notre avenir". La Commission n'a fait aucun commentaire. Dans les cercles bruxellois, la tournée européenne et les interviews tous azimuts des dirigeants grecs ont tendance à irriter. "S'il s'agit de diviser, ce n'est pas bon", confie une source européenne.
Les négociations "vont être difficiles, vont requérir de la coopération, ainsi que des efforts acharnés de la Grèce", a souligné le président du Conseil européen, Donald Tusk.
M. Varoufakis a déclaré avoir eu "des discussions fructueuses" avec le président de la banque centrale, Mario Draghi. "La BCE doit soutenir nos banques pour que nous puissions garder la tête hors de l'eau", a-t-il dit dans un entretien à l'hebdomadaire allemand Die Zeit, où il reconnaît être "ministre des Finances d'un Etat en faillite".
L'institution joue un rôle pivot dans la course contre la montre dans laquelle est engagé l'Etat grec pour éviter un défaut de paiement. Les banques grecques sont les principales acheteuses des obligations par lesquelles la Grèce se finance à court terme. Et c'est essentiellement la BCE, par le biais de deux mécanismes de prêts, qui les alimente en liquidités.
M. Draghi "a clarifié le mandat de la BCE et a appelé le nouveau gouvernement à dialoguer de manière constructive et rapide avec l'Eurogroupe pour le maintien de la stabilité financière", a indiqué une source au sein de la banque centrale. M. Varoufakis a reconnu avoir évoqué avec M. Draghi "les contraintes" et "les règles" en vertu desquelles la BCE accorde ses aides, sous-entendant que M. Draghi était peu enclin à outrepasser les procédures très strictes qui encadrent son soutien aux banques grecques.
De son côté, le Fonds monétaire international a affirmé n'avoir eu aucune "discussion" avec Athènes sur une renégociation de sa dette. Dans un entretien publié mercredi, M. Varoufakis avait indiqué avoir "entamé des négociations" avec le FMI pour remplacer ses titres de dette existants par des titres plus récents dont le remboursement serait lié au retour d'une croissance "solide" en Grèce.
Athènes a bouclé mercredi sa première émission d'obligations depuis l'arrivée de la gauche radicale au pouvoir, mais dans des conditions laborieuses. Le pays a levé 812,5 millions d'euros d'obligations à échéance de 6 mois, avec un taux d'intérêt de 2,75%, contre 2,30% il y a un mois.
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