La Grèce a proposé mercredi à l'UE un plan de réformes et de financement sur quatre ans pour tenter de "garder la tête hors de l'eau", appelant Paris à la rescousse pour soutenir la croissance de l'économie européenne.
Les nouveaux dirigeants grecs ont poursuivi leur tournée européenne pour tenter de convaincre de la nécessité d'alléger le fardeau de la dette colossale de leur pays qui atteint quelque 230 milliards d'euros et 177% du PIB.
Après Bruxelles, le Premier ministre, Alexis Tsipras, s'est rendu à l'Elysée pour rassurer -"Nous voulons dialoguer, nous ne sommes pas une menace pour l'Europe"- et exhorter la France à jouer "un rôle prépondérant, de garant" de la croissance au sein de l'UE.
Sans prendre le moindre engagement, François Hollande a jugé à l'issue d'un entretien exceptionnellement long, de près d'une heure et demie, qu'il était "temps de trouver une solution de long terme pour la Grèce dans l'Europe", selon deux principes, la "solidarité" et le "respect".
Le respect, a-t-il poursuivi, vaut à la fois pour le vote "clair" et "fort" du peuple grec en faveur Syriza, les "règles européennes qui s'imposent à tous, et à la France aussi" mais aussi les "engagements" pris, manière de rappeler qu'il n'était pas favorable à une annulation de la dette grecque. M. Tsipras devait ensuite rencontrer la maire de Paris, Anne Hidalgo, puis Pierre Laurent (PCF) et Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche).
Quant au ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, il s'est rendu, après Rome, au siège de la banque centrale européenne à Francfort, avant une rencontre cruciale jeudi avec son homologue allemand, Wolfgang Schaüble.
A Bruxelles, M. Tsipras a proposé la préparation avec l'Union européenne d'un plan de réformes et de financement sur quatre ans (2015-2018), a indiqué une source gouvernementale à Athènes. Ce plan comprend un programme "radical" en matière de lutte contre la corruption et la fraude fiscale, couplé à un allègement des obligations budgétaires de la Grèce, a ajouté cette source à l'issue d'un entretien entre le Premier ministre et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.
- "Garder la tête hors de l'eau" -
De même source, M. Tsipras a aussi évoqué la possibilité d'un "accord transitoire" donnant à la Grèce la marge financière lui permettant de préparer ce plan "en commun" avec l'UE. "Je suis très optimiste quant au fait que nous allons faire de notre mieux pour trouver une solution commune viable pour notre avenir", a déclaré M. Tsipras dans une brève déclaration à la presse.
Les négociations "vont être difficiles, vont requérir de la coopération, ainsi que des efforts acharnés de la Grèce", a cependant tempéré le président du Conseil européen, Donald Tusk.
A Francfort, M. Varoufakis a déclaré avoir eu "des discussions fructueuses" avec le président de la BCE Mario Draghi. "La BCE doit soutenir nos banques pour que nous puissions garder la tête hors de l'eau", a-t-il dit dans un entretien avec l'hebdomadaire allemand Die Zeit, reconnaissant être "ministre des Finances d'un Etat en faillite".
De son côté, le Fonds monétaire international (FMI) a affirmé n'avoir eu aucune "discussion" avec Athènes sur une renégociation de sa dette. Dans un entretien publié mercredi, M. Varoufakis avait pourtant indiqué avoir "entamé des négociations" avec le FMI pour remplacer ses titres de dette existants par des titres plus récents "au taux du marché". Leur remboursement serait lié au retour d'une croissance "solide" en Grèce.
Athènes, qui a levé avec succès mercredi un peu plus de 800 millions d'euros d'obligations à court terme, réclame "un financement intermédiaire" jusqu'au 1er juin, date à laquelle la Grèce espère être parvenue à un accord avec ses partenaires européens.
Le ministre grec des Finances a promis de faire la semaine prochaine des propositions concrètes, à l'occasion d'une réunion avec ses homologues de la zone euro qui devrait se dérouler le 11 février, à la veille d'un sommet des chefs d'Etat ou de gouvernement.
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