Manuel Valls a annoncé mercredi le passage en "alerte attentat" du plan Vigipirate dans les Alpes-Maritimes, au lendemain de l'agression à Nice de trois militaires devant un centre communautaire juif, dont les enquêteurs se demandent s'il était la cible de leur agresseur.
"Au vu de la situation particulière que la ville de Nice vient de connaître (), je viens de décider () de passer dans les Alpes-Maritimes le plan Vigipirate au niveau alerte attentat", a déclaré le Premier ministre à l'Assemblée nationale.
Cette mesure a été immédiatement saluée par le maire UMP de la ville Christian Estrosi sur Twitter: "Je demande depuis les attentats (de janvier) le relèvement au niveau attentat du plan Vigipirate dans le 06 et à Nice! Enfin!"
En Conseil des ministres, François Hollande avait auparavant demandé le maintien du plan Vigipirate à son "niveau le plus élevé", soit le "niveau renforcé".
Interpellé immédiatement après son agression, au cours de laquelle il a blessé légèrement mardi vers 14H00 deux militaires avec un couteau avant d'être finalement maîtrisé par un troisième, Moussa Coulibaly, récemment refoulé de Turquie, était toujours interrogé mercredi à Nice dans le cadre de l'enquête menée par la section antiterroriste du parquet de Paris.
Les enquêteurs cherchent à déterminer si le jeune homme --qui garde le silence-- savait que les militaires surveillaient le Consistoire israélite de Nice, Radio Shalom et une association israélite, installés extrêmement discrètement dans une cour.
- Les militaires décorés -
"Cette tentative d?assassinat visait des soldats parce qu?ils étaient des militaires", a insisté mardi soir Jean-Yves Le Drian, tout comme le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, en rendant visite dans leur caserne aux trois militaires agressés.
Dans les locaux du centre communautaire juif, le rabbin Franck Teboul, estimait mercredi qu'il ne fallait "pas tomber dans la psychose". "Il est probable que le centre n'a pas été visé", a-t-il dit à l'AFP. "A ce stade nous n'avons aucune information", a commenté le président du Consistoire israélite de Nice, Maurice Niddam, en rendant hommage à des militaires, qui font "l'honneur de la nation".
Mercredi, le ministère de la Défense s'est aussi félicité que les soldats aient "parfaitement réagi. () Ils ont eu les réflexes indiqués". Quelque 300 militaires sont déployés à Nice sur une trentaine de sites.
"Une réflexion est en cours en revanche sur l'évolution de notre posture (réflexion qui n'est pas directement liée aux événements de mardi, NDLR): on a une posture de garde statique, on va évoluer vers une posture plus mobile", a-t-on ajouté au ministère. "Cela donnera plus de souplesse et rendra les militaires moins vulnérables."
A Nice, le préfet des Alpes-Maritimes a décoré mercredi les trois militaires agressés.
Dans l'hôtel Azurea, près de la gare de Nice, où l'agresseur séjournait depuis le 29 janvier après avoir été refoulé de Turquie, les enquêteurs ont trouvé mardi une prière écrite de sa main, adressée à Allah, ainsi que de l'argent turc, selon une source proche de l'enquête.
L'homme de 30 ans avait été repéré mi-décembre par les services de police, alors qu'il faisait du "prosélytisme agressif" dans une salle de sport des Yvelines.
Le groupe Moving, à qui appartient cette salle de sports, a assuré dans un communiqué mercredi que le jeune homme avait du reste été expulsé du club de Mantes-la-Jolie le 15 décembre et que son "comportement douteux et suspect" avait été signalé "aux renseignements français".
Après s'être déjà rendu à Nice les 25 et 26 janvier, il avait attiré l'attention en cherchant à acheter en Corse un aller simple pour la Turquie --ce qui lui avait été refusé, l'agence de voyages lui ayant finalement vendu un aller-retour pour le 28 janvier, selon une source proche de l'enquête.
La DGSI, alertée par la police aux frontières, avait alors demandé aux autorités turques de le refouler, ce qu'elles ont fait le 29 janvier.
Dans les Yvelines, la police a perquisitionné mardi son domicile dans un immeuble du Val-Fourré, à Mantes-la-Jolie. Sa mère, une s?ur et un frère ont été emmenés par des policiers pour être entendus.
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