Quatre personnes ont été tuées mercredi dans un bombardement d'un hôpital à Donetsk, fief des séparatistes prorusses dans l'Est de l'Ukraine, au moment où l'UE réclamait une trêve immédiate pour que les civils puissent fuir les combats.
Ces nouvelles victimes portent à 12 le bilan des morts en 24 heures, dont huit civils et quatre soldats ukrainiens, dans des combats de plus en plus intenses alors que le processus de paix est au point mort.
Selon un journaliste de l'AFP sur place, l'un des corps reposait sous une couverture devant l'hôpital N°27, dont les fenêtres ont été soufflées par l'explosion, tandis que deux autres gisaient devant un immeuble d'habitation touché, à proximité de l'hôpital.
Les autorités séparatistes de Donetsk ont fait état de quatre civils tués dans ce bombardement, trois à l'extérieur de l'hôpital et un à l'intérieur.
Parallèlement, les séparatistes pro-russes poursuivent leur offensive à Debaltseve, une ville stratégique située à 50 kilomètres au nord-ouest de Donetsk, toujours sous contrôle de l'armée ukrainienne mais menacée d'encerclement.
"Les bombardements sont incessants. Nous tentons d'apporter des médicaments et d'évacuer les civils mais cela se fait sous le feu ennemi", a déclaré à l'AFP Ilia Kiva, responsable du ministère ukrainien de l'Intérieur dans la région de Donetsk.
Face à la situation qui ne cesse d'empirer pour les civils, la chef de la diplomatie de l'UE Federica Mogherini a appelé mercredi à une trêve immédiate.
"Les civils doivent pouvoir quitter la zone de conflit en toute sécurité", a-t-elle déclaré dans un communiqué, appelant à "une trêve locale temporaire d'au moins trois jours, prenant immédiatement effet" autour de Debaltseve.
La population de cette ville est passée de 25.000 à 7.000 personnes en quelques jours, a affirmé Amnesty International.
- Scandale d'une 'guerre fratricide' -
Des duels d'artillerie opposent aussi l'armée ukrainienne aux rebelles le long de la ligne de front, faisant plusieurs dizaines de victimes civiles chaque jour. Au total, le conflit a fait plus de 5.300 morts en dix mois, selon l'ONU.
Le président du "Parlement" de la République populaire autoproclamée de Donetsk (DNR), Andreï Pourguine, a affirmé que des documents concernant un corridor humanitaire permettant l'évacuation des civils avaient été signés, mais que la mise en place de ce corridor était difficile.
"La route menant de Debaltseve aux zones éloignées des combats est longue, donc il a pu y avoir des excès", a-t-il déclaré mercredi à l'AFP.
Le pape François, de son côté, a dénoncé le "scandale" d'une "guerre entre chrétiens", demandant que "l'horrible violence fratricide" cesse.
Mais Kiev attend avec impatience la visite jeudi du secrétaire d'Etat américain John Kerry, la presse américaine affirmant que le président Barack Obama envisage désormais de livrer des armes à l'Ukraine, alors qu'il s'y était jusqu'à présent refusé.
Selon le ministre des Affaires étrangères ukrainien Pavlo Klimkine, la semaine qui vient s'annonce décisive alors que, tout de suite après la venue de John Kerry, il se rendra en compagnie du président ukrainien Petro Porochenko à Munich pour une Conférence internationale sur la sécurité où les deux hommes s'entretiendront avec Angela Merkel et le vice-président américain Joe Bidden.
Mme Merkel s'envolera ensuite pour Washington, une rencontre qualifiée mercredi par M. Klimkine "d'importante afin de définir une ligne politique claire avec Barack Obama" avant une rencontre des chefs d'Etat européens prévue à Bruxelles le 12 février.
"Ce dont nous avons besoin, c'est d'équipements sophistiqués, ce sont des outils de communication, de brouillage électronique ou des radars. Ce sont des équipements nécessaires dans une armée moderne", a ajouté M. Klimkine.
Mardi, le président ukrainien Petro Porochenko a affirmé à l'occasion d'une visite à Kharkiv, ville limitrophe de la zone des combats, n'avoir "aucun doute" sur une livraison d'armes par les États-Unis à l'Ukraine.
"Nous devons avoir les moyens de nous défendre", a ajouté M. Porochenko.
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