Les enquêteurs interrogeaient mercredi Moussa Coulibaly et des membres de sa famille, après l'agression au couteau la veille de trois militaires en faction devant des institutions juives dans le centre de Nice.
La section antiterroriste du parquet de Paris et la police judiciaire de Nice cherchent notamment à déterminer si l'agresseur, récemment refoulé de Turquie mais muet mardi, savait que les militaires surveillaient le Consistoire israélite de Nice, Radio Shalom et une association israélite, installés extrêmement discrètement dans une cour. Seule la publicité clinquante d'un restaurant indien est visible sur la principale avenue commerçante de la ville où passe le tramway, lieu de l'agression.
"Cette tentative d?assassinat visait des soldats parce qu?ils étaient des militaires", a insisté mardi soir Jean-Yves Le Drian, tout comme le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, en rendant visite dans leur caserne aux trois militaires, agressés vers 14H00.
L'enquête, confiée à la sous-direction antiterroriste (SDAT) et à la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), porte pour l'instant sur des faits de "tentatives d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteurs terroriste en vue de commettre des crimes d'atteinte aux personnes". La garde à vue peut durer jusqu'à 96 heures.
Dans l'hôtel Azurea, près de la gare de Nice, où l'agresseur a séjourné depuis le 29 janvier après son refoulement de Turquie, les enquêteurs ont trouvé mardi un texte écrit de la main de Moussa Coulibaly sur la religion, ainsi que de la monnaie turque, selon une source proche de l'enquête.
L'homme de 30 ans avait été repéré mi-décembre par les services de police, alors qu'il faisait du "prosélytisme agressif" dans une salle de sport des Yvelines, selon une source proche du dossier.
Il était déjà venu à Nice les 25 et 26 janvier, puis était parti en Corse où il s'était fait repérer par la police aux frontières en cherchant à acheter un aller simple au départ de Nice pour la Turquie. L'agence a refusé l'aller simple et lui a finalement vendu un aller-retour pour le 28 janvier, selon une source proche de l'enquête.
- "A priori" aucun lien avec Amédy Coulibaly -
La DGSI, alertée par la police aux frontières, avait demandé aux autorités turques de le refouler. De source sécuritaire turque, Moussa Coulibaly a été refoulé le 29 janvier à l'aéroport Ataturk d'Istanbul, en provenance de Rome et renvoyé dans la capitale italienne.
"La surveillance de son environnement se poursuivait pour comprendre ce qu'il faisait à Nice alors qu'il n'avait ici ni racines, ni contacts", a précisé devant la presse à Nice le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.
Moussa Coulibaly n'a "a priori" aucun lien avec Amédy Coulibaly, tueur d'une policière à Montrouge et auteur de la prise d'otages meurtrière de l'Hyper Cacher début janvier à Paris, selon plusieurs sources proches de l'enquête.
Peu avant l'agression des militaires, Moussa Coulibaly avait été contrôlé et verbalisé dans le tramway, accompagné d'un homme de 43 ans, né au Tchad et de nationalité canadienne. Ce dernier était toujours en garde à vue mercredi mais aucun lien formel n'a été établi entre les deux hommes.
Dans les Yvelines, la police a perquisitionné mardi vers 20H00 le domicile de Moussa Coulibaly dans un immeuble de huit étages du Val-Fourré, un quartier sensible de Mantes-la-Jolie, ont constaté des journalistes de l'AFP. Sa mère et une soeur, en pleurs, ainsi qu'un frère ont été emmenés par des policiers pour être entendus.
Selon la hiérarchie militaire qui a visionné les images de l'agression, vers 14H00 mardi, un individu s'est approché des militaires en laissant tomber un sac en plastique devant eux pour détourner leur attention. Il a sorti un long couteau et a visé le visage du premier militaire.
Ce maréchal des logis de 33 ans, souffre d'une entaille profonde au niveau de la pommette. Le deuxième militaire, un première classe de 22 ans, a été blessé à un bras. Le troisième, un deuxième classe de 19 ans, a finalement maîtrisé l'individu en le taclant au sol. Il ne souffre que d'une éraflure à la main.
Un total de 300 militaires surveillent actuellement 30 sites sensibles à Nice, dans le cadre du plan Vigipirate.
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