En refusant toute consigne de vote dans le Doubs, Nicolas Sarkozy a tenté mardi une acrobatique synthèse pour éviter "l'explosion" d'une UMP déchirée, en conciliant ceux qui veulent d'abord contrer le FN et ceux qui renvoient dos à dos ce parti et le PS.
Le président de l'UMP a fait connaître sa position avant même le bureau politique du parti, convoqué à 18H00 pour arrêter une position commune.
C'est qu'il était urgent de remettre de l'ordre et d'unifier les voix discordantes au sein du parti dont il a pris les rênes le 29 novembre.
Son rival potentiel Alain Juppé venait de se prononcer publiquement pour un vote PS face au FN.
Mardi, Nicolas Sarkozy a affirmé pour sa part, devant ses parlementaires, qu'il fallait dire "non au FN". Il a mis en garde, selon plusieurs participants de la réunion à l'Assemblée, contre la montée de cette formation dont la présidente, Marine Le Pen, arrive largement en tête des sondages pour le premier tour de la présidentielle 2017.
Mais en même temps, Nicolas Sarkozy a proposé de "laisser les électeurs choisir". Au contraire, Alain Juppé a, sur son blog, assuré qu'il voterait PS dimanche "en son âme et conscience" s'il habitait la 4e circonscription du Doubs.
"Une victoire du FN au plan national n'est plus hypothétique", a averti M. Sarkozy. "Nous ne donnons pas de consignes de vote" aux électeurs du Doubs "mais nous leur demandons de prendre en compte cette dimension", a-t-il dit estimant que cette partielle de dimanche représentait "un risque d'explosion de l'UMP".
Son intervention a provoqué un certain tumulte, selon des participants. "C'est la réunion de groupe la plus dure à laquelle j'aie jamais assisté", a même affirmé un ancien ministre, pour qui "la position de Sarkozy n'est pas tenable car elle revient à dire +votez PS+".
L'ex-Premier ministre François Fillon avait juste avant prôné le "ni-ni" ni FN ni PS, imposé aux cantonales de 2011 à l'UMP par Nicolas Sarkozy, alors conseillé par le très droitier Patrick Buisson.
Après avoir "pris le temps de réfléchir", Alain Juppé n'a finalement pas attendu le BP pour s'exprimer, car le parti lepéniste est devenu le "principal adversaire politique" de l'UMP.
Pas question pour autant de "s'engager dans un Front républicain qui scellerait une alliance avec le PS", a nuancé le candidat à la primaire de la droite pour la présidentielle.
- Situation compliquée pour Sarkozy -
Le maire de Bordeaux rejoint ainsi la position défendue dès lundi matin par la numéro deux de l'UMP Nathalie Kosciusko-Morizet.
"Juppé aurait dû attendre" et "ne pas diviser", a regretté devant le groupe Nicolas Sarkozy, qui espérait parvenir à un consensus soit sur le ni-ni, soit sur le refus de toute consigne de vote.
"Nicolas Sarkozy veut faire un grand rassemblement par rapport à notre formation politique. Après, certains donnent peut-être un coup de canif dans le contrat", a regretté mardi le porte-parole du parti Sébastien Huyghe.
Les opposants à un "front républicain" en faveur du PS (dont Henri Guaino, Bruno Le Maire) étaient cependant nettement majoritaires.
Cette position a les faveurs des sympathisants UMP selon un sondage Ifop-Figaro-LCI: 67% des sympathisants plaident pour le ni-ni, 19% souhaitent que l'UMP appelle à voter PS et 14% que le parti appelle à voter FN.
S'il semble en accord avec sa base, cette cacophonie constitue cependant une nouvelle épreuve pour Nicolas Sarkozy, déjà à la peine pour s'imposer comme leader naturel de son camp depuis son retour sur la scène politique à l'automne et après la séquence d'union nationale post-Charlie.
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