Les nouveaux dirigeants grecs sont attendus mardi à Rome, nouvelle étape dans leur marathon diplomatique visant à gagner auprès des capitales européennes des soutiens à une renégociation de la dette qui plombe l'avenir du pays.
"Chaque seconde compte", a déclaré lundi le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis sur la chaîne de télévision Channel 4, au cours de son étape londonienne.
"Nous sommes peut-être le gouvernement élu qui dispose du moins de temps et de marge de manoeuvre, depuis la Deuxième Guerre mondiale", a-t-il ajouté.
Le gouvernement grec a entamé ce week-end une tournée européenne pour convaincre que l'Europe doit dans son propre intérêt desserrer l'étau budgétaire qui l'étouffe.
"L'Europe est en crise, pas seulement la Grèce et Chypre", a prévenu lundi M. Tsipras, du parti de gauche radicale Syriza dont l'arrivée au pouvoir à Athènes la semaine dernière secoue le continent.
De Chypre, M. Tsipras a de nouveau attaqué la "troïka" des bailleurs de fonds de la Grèce - Commission européenne, Banque centrale européenne (BCE) et FMI -, affirmant que la fin de sa mainmise sur le plan de sauvetage de son pays constituerait une avancée "mature et nécessaire à l'Europe".
La Commission européenne s'est dite favorable à une évolution de cette "troïka" qui cristallise les rancoeurs grecques, mais sans vouloir la remplacer, après des informations de presse affirmant que le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, veut supprimer cette instance.
Dans le contexte économique actuel, le ministre britannique des Finances George Osborne a estimé que les désaccords sur la Grèce représentaient "la plus grande menace pour l'économie mondiale". "Toutes les parties doivent agir de manière responsable, mais nous avons aussi besoin que la zone euro adopte un meilleur plan pour les emplois et la croissance", a-t-il insisté.
M. Varoufakis se trouvait dans la capitale britannique après un passage à Paris et avant une étape mardi à Rome - où il doit retrouver M. Tsipras - puis un séjour à Berlin et à Francfort (siège de la BCE), à une date non précisée, pour tenter de rallier des soutiens.
La Grèce ploie sous une dette de plus de 300 milliards d'euros (près de 175% du PIB).
Dimanche, Athènes avait reçu un appui de poids, celui du président américain Barack Obama qui avait jugé qu'il était "très difficile de mettre en place ces changements si le niveau de vie des gens a chuté de 25%. A la longue, le système politique, la société ne peuvent pas le supporter".
"Je ne m'attendais pas à ce que se manifestent tant de grandes puissances pour soutenir notre tentative de créer un nouveau cadre", s'est réjoui M. Tsipras, de Nicosie.
- Souplesse ou rigorisme ? -
Au-delà de leur volonté d'agréger des soutiens, les dirigeants grecs ont tenté de rassurer, après le coup de semonce des marchés la semaine dernière, lorsque les valeurs des banques grecques avaient perdu un quart de leur valeur en une journée à la Bourse d'Athènes.
"Nous serons en mesure d'honorer la dette grecque de telle manière que cela n'ait pas d'effets négatifs sur les détenteurs privés d'obligations", a assuré le porte-parole de M. Varoufakis.
Dimanche à Paris, M. Varoufakis avait demandé jusqu'à la fin février pour faire des "propositions détaillées".
Le ministre voudrait ensuite négocier un accord sur la dette qui pourrait déboucher sur "un nouveau contrat pour la Grèce et toutes les nations (européennes) d'ici à la fin du mois de mai". Il a également évoqué, dans le Financial Times, "un programme d'échange de dettes" incluant des obligations indexées sur la croissance.
A Paris, le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, s'est dit opposé à une annulation partielle de la dette grecque, évoquant en revanche des "aménagements".
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