Alain Juppé a récusé lundi soir le "ni-ni" -ni Front national, ni Front républicain- qu'entend défendre Nicolas Sarkozy mardi en bureau politique et appelé sur son blog à "faire barrage au FN" à la législative partielle du Doubs, annonçant que lui voterait socialiste.
Dans la journée de lundi, le maire de Bordeaux, qui a été le président-fondateur de l'UMP (2002-2004), avait fait savoir qu'il ne s'exprimerait pas sur le second tour FN-PS dans la 4e circonscription du Doubs avant le bureau politique de l'UMP qui doit arrêter, mardi après-midi, la position officielle du parti désormais présidé par Nicolas Sarkozy.
Mais après avoir "pris le temps de réfléchir" sur le résultat du premier tour, qui a vu l'élimination de l'UMP, Alain Juppé, candidat à la primaire de la droite pour la présidentielle de 2017, a décidé de rompre son silence car, à ses yeux, le parti de Marine Le Pen est devenu "notre principal adversaire politique".
"Si j?étais électeur de la 4e circonscription du Doubs, je sais ce qu?en mon âme et conscience je ferais: pour barrer la route à une candidate FN qui croit, entre autres choses, +en l?évidente inégalité des races+, je ne m?abstiendrais pas, je voterais pour le candidat qui l?affronte, c?est-à-dire le candidat PS" Frédéric Barbier, écrit-il sur son blog.
Pas question pour autant de "s'engager dans un Front républicain qui scellerait une alliance avec le PS". D'ailleurs le Premier ministre ne se fait guère d'illusions sur la portée des appels à voter pour untel ou untel: "pour tout dire, je ne suis pas sûr que les citoyens d?aujourd?hui attendent les consignes d?un parti avant d?aller voter. Chacun choisira en son âme et conscience", insiste-t-il.
Mais, dans un violent réquisitoire contre l'extrême droite, Alain Juppé met en garde les électeurs de droite contre une "arrivée aux responsabilités nationales" du FN, qui "n?apparaît plus tout à fait comme une hypothèse d?école" et qui serait "une catastrophe pour notre pays".
- Situation compliquée pour Sarkozy -
Cette position de M. Juppé --qui rejoint celle défendue dès lundi matin par la numéro deux de l'UMP Nathalie Kosciusko-Morizet-- complique un peu plus la tâche de Nicolas Sarkozy, qui espérait parvenir à un consensus de sa famille politique mardi, soit sur le ni-ni, soit sur le refus de toute consigne de vote.
"Chacun peut avoir sa position personnelle" sur le second tour du Doubs, a tenté de minimiser lundi le porte-parole de l'UMP, Sébastien Huyghe.
Déjà à la peine pour s'imposer comme leader naturel de son camp depuis son retour sur la scène politique à l'automne, l'ancien chef de l'Etat va avoir du mal, dans un contexte encore marqué par l'union nationale post-Charlie, à faire valoir sa ligne du ni-ni. Même si elle a les faveurs des sympathisants UMP si l'on en croit un sondage Ifop pour Le Figaro et LCI. Selon cette enquête, 67% des sympathisants plaident pour le ni-ni, 19% souhaitent que l'UMP appelle à voter PS et 14% que le parti appelle à voter FN.
Le retour de l'ancien président "n'a pas empêché les progrès du FN" (plus de 9 points) et "le plus grave, c'est qu'il n'arrive pas à faire parler le parti d'une seule voix", s'agace un ancien ministre qui souligne que "la seule partielle perdue pour l'UMP est celle qui a eu lieu après l'élection de Nicolas Sarkozy" le 29 novembre.
De leur côté, gouvernement et ténors socialistes, encore surpris de la qualification de leur candidat, ne se privent pas de mettre du sel sur la plaie en appelant au rassemblement "républicain" derrière le candidat PS. "C'est l'unité des républicains qui doit prévaloir", a ainsi lancé lundi le Premier ministre Manuel Valls.
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