Forts des revers infligés ces dernières semaines à l'armée ukrainienne, les rebelles prorusses ont annoncé lundi vouloir mobiliser 100.000 hommes, un signe supplémentaire que le processus de paix dans l'est de l'Ukraine est au point mort après l'échec des pourparlers ce week-end à Minsk entre belligérants.
"La mobilisation générale aura lieu dans la République populaire de Donetsk dans dix jours. Il est prévu de mobiliser jusqu'à 100.000 hommes", a déclaré le dirigeant de la république séparatiste de Donetsk Alexandre Zakhartchenko, cité par l'agence officielle séparatiste DAN.
Ces déclarations de la direction rebelle interviennent après l'échec de pourparlers de paix à Minsk samedi, qui visaient à déboucher sur la signature d'un accord de cessez-le-feu permettant de mettre fin aux violences ayant fait plus de 5.000 morts en neuf mois.
La semaine dernière, les rebelles avaient déjà menacé d'élargir leur offensive à tout le territoire des régions de Donetsk et de Lougansk, dont une grande partie est toujours contrôlée par les autorités de Kiev, en cas d'échec de ces négociations.
D'après le porte-parole de l'armée ukrainienne Andriï Lyssenko, les annonces de Zakhartchenko "signifient que les rebelles n'ont pas de ressources humaines et ne sont pas arrivés à atteindre leurs objectifs, à savoir la prise de la ville stratégique" de Debaltseve, noeud ferroviaire reliant les capitales rebelles de Donetsk et Lougansk et théâtre d'intenses combats ces dernières semaines.
"Le conflit prend une ampleur sans précédent", a pour sa part reconnu lundi Iouri Loutsenko, un proche du président ukrainien Petro Porochenko qui dirige la fraction de son parti au Parlement.
Kiev aussi mobilise: les autorités avaient lancé fin janvier une quatrième vague de mobilisation, qui devrait toucher environ 50.000 hommes.
- Scepticisme à Donetsk -
Mais à Donetsk, fief des séparatistes prorusses, l'annonce de la prochaine mobilisation a été accueillie avec scepticisme.
"Je n'y crois pas trop. Soit c'est faux, soit c'est dit à l'intention des médias ukrainiens", réagit Alexandre, 28 ans, un responsable d'une compagnie de transport qui soutient pourtant les autorités séparatistes.
"Mais si c'est vrai, le but est de tuer toute la population de Donetsk", ajoute-t-il en estimant que Zakhartchenko est en train de "saper sa popularité auprès de ceux qui l'ont soutenu".
Vitali, un web-designer de 24 ans, estime, lui, que de telles initiatives "mènent dans une impasse". "Chaque jour, je me sens un peu plus otage (des autorités séparatistes)", lance-t-il.
La situation s'est dangereusement dégradée sur le terrain ces dernières semaines, avec de lourdes pertes chez les soldats ukrainiens et les civils tout au long de la ligne de front.
Douze personnes, dont sept civils, ont encore été tuées dans les régions de Donetsk et Lougansk ces dernières 24 heures, après un week-end sanglant au cours duquel ont péri une cinquantaine de soldats ukrainiens et de civils.
- Armes létales pour l'Ukraine? -
Signe de l'inquiétude croissante de l'Occident face à la perspective d'une victoire des rebelles, le commandement militaire de l'Otan et des responsables de l'administration américaine sont prêts à soutenir l'envoi d'armes défensives létales aux forces ukrainiennes, a affirmé le New York Times dimanche.
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