Les séparatistes prorusses ont menacé vendredi d'élargir leur offensive dans l'est de l'Ukraine, où les violences atteignaient des niveaux critiques avec la mort d'au moins 24 personnes, alors que les pourparlers de paix prévus à Minsk n'ont pas eu lieu.
"En cas d'échec des négociations et de poursuite des tirs visant les localités dans les deux républiques, nous nous réservons le droit de poursuivre l'offensive jusqu'à la libération totale des régions de Donetsk et de Lougansk" (est de l'Ukraine), dont une grande partie est toujours contrôlée par le gouvernement de Kiev, ont indiqué les représentants des deux républiques rebelles dans un communiqué conjoint.
Les émissaires séparatistes signataires de ce communiqué ont déclaré plus tôt dans la journée que les pourparlers avec Kiev, prévus à Minsk en présence de représentants russe et de l'OSCE, avaient été "annulés", et ont menacé de quitter la capitale bélarusse.
L'ex-président ukrainien Léonid Koutchma, qui représente Kiev dans ces négociations, a indiqué par la suite que l'Ukraine espérait que les pourparlers auraient lieu samedi à Minsk et qu'une nouvelle trêve y serait conclue.
Pour sa part, le porte-parole de la diplomatie ukrainienne Evguen Perebyïnis a déclaré à l'AFP que l'Ukraine insistait sur la présence à Minsk des dirigeants des républiques séparatistes de Donetsk et de Lougansk, Alexandre Zakhartchenko et Igor Plotnitski, qui avaient signé les accords de paix en septembre, et non de leurs émissaires.
Les rebelles ont exigé de leur côté que Kiev nomme un représentant "capable de mettre en oeuvre les accords conclus", critiquant implicitement le choix de l'ex-président Koutchma.
Dans un entretien téléphonique avec la chancelière allemande Angela Merkel, le président ukrainien Petro Porochenko a quant à lui souligné la nécessité de conclure "un cessez-le-feu immédiat".
Et à Paris, la France et la Pologne ont appelé à "un cessez-le-feu immédiat", demandant à la Russie de cesser "toute forme de soutien aux séparatistes".
- Les Ukrainiens appelés à déposer les armes -
Sur le terrain, les combats continuaient sur toute la ligne du front, y compris autour de la ville stratégique de Debaltseve, qui relie les capitales séparatistes de Donetsk et de Lougansk.
Les combats étaient particulièrement violents près de la localité de Vougleguirsk, dont la prise par les séparatistes signifierait un encerclement quasi-total de Debaltseve.
Mais ce sont les civils qui paient le plus lourd tribut avec au moins 19 personnes tuées, au cours des dernières 24 heures, dans des bombardements à Donetsk, chef-lieu des rebelles, et dans la région. Il s'agit d'un des pires bilans journaliers depuis le début de ce conflit, qui a fait en neuf mois plus de 5.000 morts.
L'armée a pour sa part annoncé avoir perdu cinq soldats, tandis que le dirigeant de la république séparatiste de Donetsk Alexandre Zakhartchenko a appelé les militaires ukrainiens de Debaltseve à se rendre. "J'aimerais m'adresser à tous les militaires ukrainiens: déposez les armes et partez! Vous avez une chance de sauver vos vies", a-t-il lancé sur une chaîne de télévision russe.
A Debaltseve, "la situation s'est encore aggravée cette nuit, ça bombarde jour et nuit", a déclaré à l'AFP Svetlana Dremliouk, conseillère municipale de la ville. "Des volontaires essayent d'évacuer la population mais les gens réfugiés dans des caves ne sont pas au courant", a-t-elle poursuivi.
Plusieurs médias ukrainiens comparent d'ores et déjà la bataille de Debaltseve à la tragédie d'Ilovaïsk, où des troupes ukrainiennes se sont fait encercler par les rebelles et où plus de cent militaires ont été tués.
Cette bataille, fin août, avait été suivie des premiers pourparlers de Minsk, lors desquels avait été conclu un cessez-le-feu très peu respecté depuis.
Jeudi, l'Union européenne a pour sa part renforcé sa pression sur la Russie, accusée d'armer les séparatistes dans l'est de l'Ukraine, ce que Moscou dément.
Les ministres des Affaires étrangères de l'UE ont décidé de prolonger de six mois les sanctions ciblées adoptées en mars contre des personnalités séparatistes prorusses et russes. Les 28 ont aussi décidé de rajouter des noms à cette liste noire déjà longue de 132 personnes visées par un gel de leurs avoirs et une interdiction de voyager dans l'UE.
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