Le phénomène des escroqueries aux faux virements bancaires a fait une nouvelle victime: le club de football de l'Olympique de Marseille, pour un préjudice évalué à 700.00 euros dans un transfert financier indu vers la Chine à l'automne 2014.
La direction de l'OM n'était pas immédiatement joignable vendredi matin pour réagir à cette information, recueillie par l'AFP de sources policière et proche de l'enquête, et préciser dans quelles conditions s'est déroulée cette arnaque.
Celle-ci a donné lieu à une plainte et à l'ouverture d'une enquête préliminaire du parquet de Marseille à l'automne dernier, qui l'a confiée à la brigade financière de la PJ de Marseille, "en collaboration avec l'Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF)", l'organisme centralisant ce type d'affaire, a précisé la source policière.
"Nous sommes là dans le cas de figure d'escrocs internationaux qui, donnant toute l'apparence d'un donneur d'ordre, envoient ces demandes de virement auprès d'entreprises, récupérant les fonds le plus vite possible avant que la victime ne s'en rende compte. En général, les demandes sont formulées le vendredi après-midi", selon cette source.
Les policiers tentent de retracer le parcours des fonds, depuis qu'ils sont "partis vers la Chine" et d'identifier "la banque affectataire", mais doivent composer avec des escrocs rompus à des montages financiers aussi opaques que sophistiqués.
- La Chine montrée du doigt -
Les escroqueries aux faux virements coûtent chaque années des millions d'euros aux entreprises françaises, petites et grandes.
La multinationale du pneu, Michelin, a ainsi reconnu en novembre 2014 s'être fait dérober 1,6 millions d'euros. La société a été sollicitée par une personne se présentant comme le directeur financier d'un de ses fournisseurs, qui a demandé que les règlement destinés à son entreprise soient effectués sur le compte d'une banque en République tchèque. Autre victime récente: le cabinet d'audit KPMG, pour un préjudice de 7,6 millions d'euros.
Mais c'est bien la Chine qui figure au coeur de ce genre de dossier, car une bonne partie des sommes détournées atterrissent sur des comptes bancaires chinois.
C'est ce qui a conduit en novembre les autorités judiciaires françaises à Pékin, pour tenter d'organiser la riposte. Le haut magistrat Robert Gelli, qui occupe le poste stratégique de directeur des affaires criminelles et des grâces, avait été dépêché à cette occasion.
Il avait alors annoncé devant ses homologues chinois la mise en place d'un "comité de pilotage" chargé d'explorer les moyens de raccourcir les délais pour geler les fonds identifiés. Sacré défi: "cela va à la vitesse supersonique, en un clic, des sommes considérables se déplacent", avait-il souligné.
Selon la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), 360 entreprises ont été victimes de faux ordres de virement entre 2010, année d'apparition du phénomène, et 2013. Préjudice global: quelque 300 millions d'euros. Et encore, certaines victimes "ne portent pas plainte", indique-t-on à l'OCRGDF.
Pire même: "c'est un véritable raz-de-marée qui s'est abattu sur la France", ont lancé les autorités judiciaires lors de leur passage à Pékin, insistant sur "une accélération des faits fin 2013-début 2014".
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