Le Saoudien Raef Badaoui, dont la condamnation à 1.000 coups de fouet pour "insulte à l'islam" a ému le monde entier, est un ardent défenseur de la liberté d'expression et des droits de l'Homme, moteurs de son militantisme.
Condamné en novembre à subir 1.000 coups de fouets - 50 par semaine pendant 20 semaines -, Raef Badaoui, 31 ans, a été flagellé pour la première fois le 9 janvier. Les deux séances suivantes ont été reportées pour raisons médicales, et la tenue de celle prévue ce vendredi était incertaine.
Lors d'un premier procès en 2013, il avait été condamné à 7 ans de prison et 600 coups de fouet, une peine alourdie en appel à 10 ans de prison et 1.000 coups de fouet.
"Raef est très, très respectueux. C'est un père très tendre, un homme incroyable", décrit sa femme, Ensaf Haidar, amour de jeunesse qu'il a épousé il y a 10 ans et avec laquelle il a eu deux filles, âgées de 11 et 7 ans, et un fils de 10 ans.
Il a étudié l'économie et dirige un Institut d'anglais et d'informatique, selon son épouse, contactée au Canada, où elle réside.
Mais cet amoureux des livres a trouvé sa voie lorsqu'il a commencé à écrire, défendant passionnément la liberté d'expression.
"Il voulait que les gens se parlent. Il voulait la liberté d'expression pour tous, et que les droits des femmes et de tous les êtres humains soient respectés. C'est ce qui l'a toujours motivé" et c'est pourquoi il a créé le Liberal Saudi Network, raconte Ensaf Haidar.
Pour Reporters sans frontières (RSF), qui a lui a décerné son prix 2014 pour la liberté de la presse, ce site est "un réseau en ligne de discussions qui vise à encourager les débats politiques, religieux et sociaux en Arabie saoudite".
Le blogueur, en prison depuis 2012, n'a pas pu aller chercher son prix, et le site a été fermé sur ordre de la justice.
- 'Terrifiant' -
Raef Badaoui est sunnite, comme la majorité des Saoudiens, mais son site internet avait demandé la fin de l'influence religieuse dans le royaume, régi par le wahhabisme, une stricte version de l'islam.
Avant d'entrer en prison, le blogueur était en bonne santé, raconte son épouse, mais aujourd'hui, sa tension artérielle est très haute.
Son emprisonnement a soulevé la colère de l'opinion internationale et les critiques d'ONG.
Pour Amnesty international, "le cas de Raef Badaoui est l?un des plus tragiques. Rien n?a changé, et légalement il sera toujours fouetté tous les vendredis. La seule raison pour laquelle ils arrêtent de le faire, c?est pour que son état de santé s?améliore afin de pouvoir le blesser à nouveau", a déclaré à l'AFP le directeur de l'organisation, Salil Shetty.
Jeudi, l'ONG basée à Londres a affirmé que M. Badaoui pourrait souffrir de "blessures physiques et mentales à long terme" à cause des flagellations, et était "en danger".
"Raef Badaoui est un prisonnier de conscience dont le seul 'crime' est d'avoir ouvert un site internet promouvant le débat public", selon Philip Luther, le directeur d'Amnesty pour le Moyen-Orient.
L'ONU a dénoncé une sentence "cruelle et inhumaine", et le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, a décrit une peine "cruelle, mauvaise, injuste et totalement disproportionnée"
Lors de la première séance de flagellation, Badaoui n'a ni crié ni pleuré, selon plusieurs témoins.
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