Le nouveau gouvernement grec, qui a annoncé une rafale de mesures anti-austérité, doit entamer vendredi à Athènes avec le président de l'Eurogroupe des négociations sur la dette de la Grèce, au lendemain de fermes mises en garde des créanciers européens.
Avant cette confrontation annoncée avec le patron de la zone euro Jeroen Dijsselbloem, la Bourse d'Athènes a fini en hausse 3,2% après une chute de 9,24% la veille.
Le président du Parlement européen, Martin Schulz, premier dignitaire européen à se rendre à Athènes depuis l'arrivée au pouvoir du Premier ministre Alexis Tsipras, s'est voulu apaisant jeudi mais a souligné la nécessité de parvenir à des avancées concrètes vendredi.
"Il y avait une crainte qu'Alexis Tsipras suive sa propre voie mais cela n'est pas vrai, il est en faveur d'une discussion (), la Grèce cherche des solutions sur une base commune avec ses partenaires européens", a-t-il affirmé. "J'espère que demain (vendredi) avec le patron de la zone euro, Jeroen Dijsselbloem", "il y aura des pas concrets", a conclu Martin Schulz.
La Grèce a essuyé cette semaine une série de mises en garde.
"Nous respectons le suffrage universel en Grèce, mais la Grèce doit aussi respecter les autres, les opinions publiques et les parlementaires du reste de l'Europe", a ainsi estimé le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker dans une interview au quotidien français le Figaro. Il a affirmé qu'"il n'est pas question de supprimer la dette" d'Athènes même si "des arrangements sont possibles".
Le ministre français des Finances, Michel Sapin, a lui aussi exclu toute annulation de dette, n'admettant que la possibilité d'une discussion pour en atténuer la charge. "Discuter de la dette, oui, pour en alléger le fardeau, annuler la dette, non, car ce serait (en) transférer le poids du contribuable grec vers le contribuable français", a déclaré le ministre devant le Sénat français.
Une réduction du capital de cette dette, équivalente à plus de 175% du PIB de la Grèce, est une des priorités du gouvernement d'Alexis Tsipras, qui souhaite aussi faire passer tout un train de réformes prévues par son parti de gauche radicale, Syriza.
Beaucoup de ces mesures sont en contradiction avec les demandes de stricte rigueur budgétaire imposées par la troïka des créanciers du pays (UE, BCE, FMI).
Cette série de mesures va de la suppression des privatisations d'infrastructures à l'augmentation du salaire minimum en passant par la réintégration de certains fonctionnaires mis en disponibilité sur ordre de la troïka.
- Pas au détriment de l'UE -
L'alternance politique en Grèce et les changements décidés par le nouveau gouvernement d'Alexis Tsipras "ne doivent pas se faire au détriment" des autres Européens, a mis en garde lui aussi le ministre allemand de l'Economie, Sigmar Gabriel.
Dans un communiqué, le ministère des Finances grec a de son côté souligné que la visite de M. Dijsselbloem, président de l'Eurogroupe (les ministres des Finances européens), marquerait le début d'une "concertation avec nos partenaires, qui va nous conduire vers un accord global durable pour la reconstruction d'une économie sociale, dans le cadre d'une Europe progressiste".
Yanis Varoufakis a annoncé par la même occasion une tournée, lundi et mardi, qui va le conduire à Londres, Paris et Rome, où il rencontrera notamment ses homologues des Finances, Georges Osborne, Michel Sapin et Pier Carlo Padoan.
"Tsipras préfère apparemment les pays où il espère du soutien", ironisait jeudi Christian Schulz, de la banque Berenberg.
La situation en Grèce sera également au menu d'un dîner entre le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel vendredi soir à Strasbourg, avec Martin Schulz.
Les Européens n'ont pas été les seuls à manifester de l'inquiétude devant les initiatives du gouvernement Tsipras, jeudi. La Chine s'est dite "vivement préoccupée" par l'une des mesures annoncées: la suspension du processus de privatisation du port du Pirée, où le géant chinois du fret maritime Cosco est déjà très présent.
La crainte d'un krach des banques s'est cependant éloignée jeudi. La veille, plombées par les mauvaises nouvelles et les mises en garde - entre un membre de la Bundesbank qui a évoqué un risque "fatal" et des chiffres de la Banque de Grèce montrant l'accélération des retraits bancaires -, elles ont perdu plus du quart de leur valeur.
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