Neuf jours après s'être quittés fâchés, syndicats et patronat du transport routier ont renoué le contact jeudi, une première étape avant l'éventuelle reprise des négociations salariales demandées par les syndicats, "déterminés" à ne pas lâcher.
Depuis le 18 janvier, l'intersyndicale (CGT, FO, CFTC, CFE-CGC) a multiplié blocages et barrages filtrants pour faire pression sur le patronat. Elle a été rejointe mercredi pour une journée par la CFDT, le premier syndicat du secteur routier.
Les retrouvailles ont démarré peu après 10H30 dans les locaux de l'administration du Travail à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis).
Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a appelé les transporteurs routiers à entendre "la revendication légitime" des salariés, faute de quoi il y aurait à nouveau "des blocages la semaine prochaine". Son homologue à FO Jean-Claude Mailly a lui demandé au gouvernement de "remettre en cause" des crédits d'impôts accordés aux transporteurs routiers si aucun accord salarial n'était trouvé.
A leur arrivée, les négociateurs syndicaux ont affiché leur fermeté. "On est combatifs et déterminés () Le patronat discute sous la pression, il faut qu'il l'admette", a déclaré à l'AFP-TV Jérôme Vérité (CGT-Transports).
Au nom de la CGT, il a lancé un "ultimatum au patronat": "on lui donne une semaine, maximum, pour trouver une solution" et "aboutir enfin à quelque chose qui permette aux salariés de sortir de la smicardisation". Sinon, "on montera d'un cran sur la mobilisation et les cibles", a-t-il ajouté en demandant "que les négociations commencent dès ce soir".
"On y va dans un esprit constructif" mais "il faut qu'ils comprennent qu'un nouveau rapport de force s'est installé", confiait Thierry Cordier, secrétaire général de la CFDT Route.
- 'Un effort' -
Cette réunion "est une prise de contact". "Si c'est du positif ou du négatif, on le saura dans quelques heures", a dit Thierry Douine (CFTC) en réaffirmant que la hausse demandée par les syndicats "n'est pas irréaliste" et que le patronat allait devoir "faire un effort".
Sur le terrain, des barrages ont été levés, comme ceux des terminaux pétroliers de La Rochelle, mais les sections locales CFDT et CGT ont menacé d'un "appel à la grève générale ce dimanche si la délégation patronale ne donne pas satisfaction".
Cette réunion constitue le premier contact officiel entre les syndicats et les organisations professionnelles depuis le 20 janvier, date de la dernière séance de négociations annuelles obligatoires (NAO) dans le transport routier de marchandises. Elle s'était conclue sur un "constat d'échec", selon le mot de la FNTR, principale chambre patronale du secteur.
Les négociations achoppent principalement sur la question des minima conventionnels. Les syndicats réclament unanimement une revalorisation de 5% pour l'ensemble des coefficients. Les fédérations patronales ne veulent pas aller au-delà de 2%.
"Exigences irréalistes" et "déconnectées des réalités économiques": le patronat n'a pas mâché ses mots à l'encontre des syndicats, qui revendiquent en outre un 13e mois et la suppression de la carence maladie.
Les entrepreneurs sont prêts à rediscuter des rémunérations, affirment-ils, mais sans se focaliser sur les seules grilles salariales.
Trois organisations patronales (FNTR, TLF et UNOSTRA) ont proposé "d'ouvrir des chantiers" sur la classification des métiers, les évolutions de la protection sociale et l'adaptation de la formation professionnelle.
Du côté de l'OTRE, qui représente les PME du transport routier, la réunion doit servir à "poser les bases des futures négociations sans exclusive des dossiers à aborder". Pour cette fédération, il faut faire "réformer le modèle social" français pour réagir à la "concurrence déloyale" des pays de l'est-européen dont les chauffeurs coûtent plus de deux fois moins chers.
"Les organisations professionnelles voudraient diluer la négociation sur autre chose" mais "notre intersyndicale est très ferme sur le point des salaires", a insisté jeudi matin le négociateur de la CFTC, Thierry Douine.
Du côté de la CFDT, Thierry Cordier se disait en revanche lui "prêt à discuter d'autres choses" (que les salaires)" si le patronat "écoute les demandes des salariés" sur les salaires.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.