Le nouveau gouvernement grec va pour la première fois se confronter jeudi à un responsable de l'Union européenne, le président du Parlement européen Martin Schulz, au lendemain d'une entrée en matière qui a fait perdre aux banques du pays un quart de leur valeur en une seule séance.
M. Schulz est attendu à Athènes à 12h30 GMT pour s'entretenir avec le Premier ministre Alexis Tsipras. Comme la bourse, les banques semblaient reprendre des couleurs jeudi matin, regagnant pas loin de 10% à l'ouverture.
M. Shulz arrive au lendemain d'une journée folle, où Alexis Tsipras et son ministre des Finances Yanis Varoufakis ont multiplié les déclarations emphatiques -- "nous verserons notre sang pour la dignité du peuple grec" -- ou plus raisonnables, assurant ne pas vouloir "de duel" avec les partenaires du pays, et même vouloir "instaurer une nouvelle relation de confiance et de sincérité".
Mais parallèlement, au fur et à mesure des prises de fonctions, les ministres énonçaient une kyrielle de mesures, toutes comprises dans le programme de Syriza, et toutes contraires aux préconisations des créanciers du pays (UE, FMI) : arrêt des privatisations, notamment celle du port du Pirée -- la Chine s'est dite jeudi "très préoccupée -- , remontée du salaire minimum, réembauche de fonctionnaires
Le tout alors que le plan d'aide de l'UE doit s'achever fin février, avec à la clé le versement de 7,2 précieux milliards d'euros. En échange cependant d'une stricte sagesse budgétaire.
Mercredi, le précédent ministre des Finances, Guikas Hardouvelis, a prévenu son successeur que "les besoins financiers du pays sont assez tendus".
Au même moment, des chiffres de la Banque de Grèce à paraître officiellement jeudi étaient dévoilés par l'agence Bloomberg : les retraits des banques grecques ont atteint 11 milliards d'euros en janvier, après 3 en décembre, alors que les quatre banques systémiques grecques ont déjà dû recourir à l'ELA, le programme de liquidités d'urgence de la BCE.
- Triangle instable -
Affolés, les investisseurs ont alors vendu en masse leurs titres bancaires : Banque nationale de Grèce, Eurobank, Alpha et Banque du Pirée ont cédé chacune entre 25 et 30%.
Pendant ce temps, le taux de l'obligation à 10 ans repassait la barre des 10%, traduisant une forte anxiété. Il restait tendu jeudi matin. Mais la Bourse semblait un peu apaisée, prenant 2,38% dix minutes après l'ouverture.
Le numéro deux du gouvernement Ioannis Dragasakis a tenté de rassuré mercredi soir, assurant que l'objectif du gouvernement était de "renforcer les banques, d'améliorer leur position et plus généralement de développer notre économie".
Mais en même temps, M. Dragasakis, économiste relativement modéré de Syriza, a répété que "le Mémorandum (les plans d'aide des créanciers internationaux, ndlr), pour nous, est terminé",
Martin Schulz, un allemand social-démocrate plutôt conciliant jusqu'à présent avec les projets exprimés par Syriza, a durci un peu le ton mercredi à la veille de sa venue à Athènes.
Sur LinkedIn, dans un point de vue intitulé "Ni drame ni drachme en Grèce", M. Schulz observe que "si le nouveau gouvernement Syriza veut +dire non à tout+, alors l'élan de M. Tsipras pourrait être de courte durée".
Une autre visite est très attendue vendredi, celle de Jeroen Djisselbloem, le président de l'Eurogroupe, les ministres des Finances de la zone euro.
Le gouvernement Tsipras a par ailleurs fait ses premiers pas en matière de politique étrangère d'une manière inattendue, en remarquant qu'un communiqué de l'UE, mardi, promettant de nouvelles sanctions à la Russie au sujet de l'Ukraine, "n'avait pas son assentiment".
Parallèlement, l'agence grecque ANA rapportait des paroles particulièrement chaleureuses du porte parole du ministre des Affaires étrangères russe espérant un "renforcement, une expansion et une nouvelle dynamique" des relations russo-grecques avec l'arrivée de M. Tsipras.
A Washington, la Maison blanche de son côté a annoncé "surveiller de près la situation" en Grèce.
Dans une interview au quotidien français l'Humanité, mercredi, le nouveau ministre des Affaires étrangères Nikos Kotzias avait remarqué que la Grèce est située "au milieu d?un triangle complexe" et "instable", avec "d?un côté la Libye, de l?autre le Moyen-Orient, et l?Ukraine d?un autre côté".
"L?intérêt majeur de l?UE est de créer un triangle stable avec, au centre, une Grèce stable", a-t-il prévenu.
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