Le procureur a requis mercredi 300 jours amende à 100 euros, soit au total 30.000 euros, contre le polémiste Dieudonné pour provocation à la haine raciale notamment en raison de propos visant le journaliste Patrick Cohen, qui avaient déclenché le processus d'interdiction de son spectacle il y a un an.
Une peine de jours amende, si le tribunal correctionnel de Paris suivait ces réquisitions, implique que le condamné voit sa peine transformée en emprisonnement s'il ne s'acquitte pas de la totalité de l'amende. Le tribunal rendra sa décision le 19 mars.
Le polémiste controversé, déjà condamné à neuf reprises pour des faits similaires, a rappelé le procureur, était présent à l'audience. Il encourt un maximum d'un an de prison et 45.000 euros d'amende.
Tout était parti d'un reportage diffusé en décembre 2013 par France 2, reprenant un extrait de son spectacle "Le Mur".
"Tu vois, lui, si le vent tourne, je ne suis pas sûr qu'il ait le temps de faire sa valise. Quand je l'entends parler, Patrick Cohen, je me dis, tu vois, les chambres à gaz Dommage".
Dieudonné a expliqué ses propos par un "contexte général" de polémique l'opposant au journaliste de France Inter (qui n'était pas partie civile), qui l'avait rangé dans la catégorie "des cerveaux malades" pour justifier son refus de l'inviter, insulte raciste, selon lui. La réponse "se situait sur mon terrain, l'humour", a-t-il assuré.
Mais pour le procureur, Dieudonné avait répondu "pas en visant Patrick Cohen pour ses propos, mais parce qu'il les a tenus en tant que représentant de la communauté juive".
- 'Liberté' et 'limites' -
"Oui la liberté d'expression est un droit fondamental sauf que () la loi elle est là pour fixer les limites", a affirmé la magistrate. Plus largement, elle a relevé une "antienne" d'attaques contre les juifs à travers le spectacle incriminé.
Me Sanjay Mirabeau, défenseur de Dieudonné, a plaidé la relaxe, assurant qu'il ne s'agissait "pas de haine des juifs". Mais "il y a une loi qui protège une mémoire, la mémoire juive, et lui il joue sur l'inégalité de traitement () de la mémoire africaine, de la mémoire arménienne, de la mémoire algérienne".
"L'extension de la loi Gayssot (réprimant le négationnisme) c'est le meilleur moyen de le faire taire", a-t-il lancé.
La diffusion des propos de Dieudonné avait déclenché une vive réaction de Manuel Valls, alors ministre de l'Intérieur, réclamant des mesures d'interdiction du spectacle, qui ont été confirmées par la justice administrative.
Parallèlement, le parquet de Paris avait ouvert une enquête pour "incitation à la haine raciale".
Dieudonné était aussi poursuivi pour d'autres propos du même spectacle: "Je n'ai pas à prendre parti entre les juifs et les nazis. Je n'étais pas né, je ne sais pas qui a provoqué qui, qui a volé qui Mais j'ai ma petite idée", ainsi que pour la chanson "Shoah nanas", une parodie d'Annie Cordy.
Dieudonné a assuré qu'il ne s'agissait que d'un "ressort comique" - "je suis comique, je ne donne pas des cours d'histoire". "Je ne suis pas antisémite", a-t-il affirmé, tout se disant "traqué" par certaines associations qui pratiqueraient "l'instrumentalisation outrancière de ce drame de la Shoah". La Licra, le Bureau de vigilance contre l'antisémitisme et l'association Ben Gourion étaient parties civiles.
Humoriste controversé, Dieudonné M'bala M'bala, 48 ans, est un habitué des prétoires. Vendredi, il avait été condamné à 6.000 euros d'amende pour avoir lancé sur internet fin 2013 un appel aux dons pour payer de précédentes amendes.
Et il est toujours sous le coup de plusieurs procédures judiciaires. La dernière, pour apologie du terrorisme, lui vaut d'être convoqué devant le tribunal correctionnel de Paris le 4 février. En cause, un message posté sur sa page Facebook dans lequel il écrivait "je me sens Charlie Coulibaly", référence à l'un des auteurs des attentats meurtriers de Paris, qui a tué quatre juifs dans un supermarché casher ainsi qu'une policière municipale.
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