Le procureur a requis mercredi 300 jours amende à 100 euros, soit au total 30.000 euros, contre le polémiste Dieudonné poursuivi notamment pour des propos visant le journaliste Patrick Cohen, évoquant son refus de "prendre parti entre les Juifs et les nazis" et sa chanson "Shoah nana".
Concrètement, cela veut dire que si le tribunal correctionnel de Paris suivait ces réquisitions, le polémiste controversé devrait payer 30.000 euros d'amende au total ou à défaut aller en prison pour 300 jours.
"Quand je l'entends parler, Patrick Cohen, je me dis, tu vois, les chambres à gaz Dommage," déclarait notamment Dieudonné M'bala M'bala dans son spectacle Le Mur, interdit par la suite, après la diffusion de cet extrait en décembre 2013 par la télévision France2.
"Oui la liberté d'expression est un droit fondamental sauf que () la loi elle est là pour fixer les limites" a lancé la procureur, en estimant que les propos poursuivis avaient "porté atteinte à des valeurs fondamentales qui fondent notre société".
Plus largement, elle a relevé une "antienne" d'attaques contre les juifs à travers le spectacle incriminé et "une expression de mépris de monsieur M'bala M'bala à l'égard de la communauté juive".
"La question n'est pas de savoir si monsieur M'bala M'bala est antisémite, ça n'est pas mon problème. La question c'est si on peut le laisser porter de telles attaques", a-t-elle poursuivi.
Elle a notamment estimé que Dieudonné avait répondu à Patrick Cohen - qui l'avait rangé dans la catégorie des "cerveaux malades" et affiché son refus de l'inviter lors d'un débat télévisé - "pas en visant Patrick Cohen pour ses propos, mais parce qu'il les a tenus en tant que représentant de la communauté juive".
De son côté Me Sanjay Mirabeau, le défenseur de Dieudonné qui devait demander la relaxe, a estimé qu'il ne s'agissait "pas de haine des juifs".
Mais "il y a une loi qui protège une mémoire, la mémoire juive, et lui il joue sur l'inégalité de traitement" avec par exemple l'histoire de la traite négrière, "de la mémoire africaine, de la mémoire arménienne, de la mémoire algérienne" a poursuivi l'avocat. "L'extension de la loi Gayssot (réprimant le négationnisme) c'est le meilleur moyen de le faire taire", a-t-il lancé.
Le tribunal devrait mettre son jugement en délibéré au mois de mars.
Déjà condamné pour propos antisémites, Dieudonné voit les ennuis s'accumuler. Il sera jugé en correctionnelle pour "apologie du terrorisme", après avoir écrit sur Facebook qu'il se sentait "Charlie Coulibaly", en référence à l'un des auteurs des attentats meurtriers de Paris.
Le gouvernement est parvenu à faire interdire plusieurs de ses spectacles fin 2013-début 2014. Dieudonné est aussi sous la menace d'une demande d'expulsion du théâtre de la Main d'or à Paris, où il se produit depuis 15 ans.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.