François-Marie Banier, ex-confident de la milliardaire Liliane Bettencourt, a commencé à être interrogé mercredi par le Tribunal correctionnel de Bordeaux, après lecture à l'audience de la lettre adressée par un autre prévenu, l'ancien infirmier Alain Thurin, qui a tenté de se suicider à la veille du procès.
Dans cette lettre aussi poignante que confuse, adressée au Procureur de la République de Bordeaux, cet homme de 64 ans, qui se trouvait encore mercredi dans un coma profond à l'hôpital d'Arpajon (Essonne) après s'être pendu à un arbre dimanche, essaye d'expliquer son geste.
"La décision que je vais prendre demain dimanche avait déjà été réfléchie, seule la date restait à définir", écrit l'ex-infirmier de la 11e fortune mondiale (environ 30 milliards d'euros).
"J'ai eu l'honneur de travailler auprès de Madame", souligne celui qui assure avoir tout fait pour "la défendre" et qui reste malgré tout poursuivi pour "abus de faiblesse" à son encontre. "Je ne voulais pas être assisté d'un avocat, même si je ne maîtrise pas ma défense. Je pensais être en mesure de m'expliquer", écrit Alain Thurin.
Mais il ne s'est apparemment plus senti la force d'affronter son procès: "Etre confronté à tous ces ténors du barreau serait très difficile, surtout sans preuve" pour étayer les accusations qu'il semble vouloir porter contre d'autres prévenus.
Visiblement décidé à aller au bout des cinq semaines d'audience prévues, le président Denis Roucou a évacué d'une phrase la kyrielle "d'incidents de procédure" soulevés la veille par les avocats des deux principaux prévenus, le photographe François-Marie Banier et l'ex-gestionnaire de fortune de la femme la plus riche de France, Patrice de Maistre.
Toutes ces demandes de nullité ou de report du procès sont jointes "au fond", autrement dit le tribunal estime que les débats permettront d'y répondre et peuvent donc se poursuivre normalement.
Le président a donc commencé à demander à François-Marie Banier, poursuivi pour abus de faiblesse, de décliner son identité et de se présenter à la cour.
Le tribunal doit juger sur cinq semaines dix hommes, dont le député UMP et ex-ministre Eric Woerth, soupçonnés d'avoir profité entre 2006 et 2011 de la vulnérabilité de la milliardaire, pour des dons, donations ou legs portant au total sur des centaines de millions d'euros. Aujourd'hui âgée de 92 ans et sous tutelle, Liliane Bettencourt est la grande absente du procès.
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