Le tribunal correctionnel de Bordeaux, après avoir écarté toutes les questions de procédure soulevées pendant deux jours par les avocats de la défense, a commencé mercredi sa plongée au coeur de "l'affaire Bettencourt" avec l'interrogatoire de personnalité de l'un des principaux accusés, François-Marie Banier, ex-confident de la milliardaire Liliane Bettencourt.
Visiblement décidé à aller au bout des cinq semaines d'audience prévues, le président Denis Roucou a évacué d'une phrase la kyrielle "d'incidents de procédure" soulevés la veille par les avocats des deux principaux prévenus, le photographe François-Marie Banier et l'ex-gestionnaire de fortune de la femme la plus riche de France, Patrice de Maistre.
Toutes ces demandes de nullité ou de report du procès sont jointes "au fond", autrement dit le tribunal estime que les débats permettront d'y répondre et peuvent donc se poursuivre normalement.
Avant de se pencher sur la personnalité des dix prévenus, le tribunal a eu lecture de la lettre, aussi poignante que confuse, adressée au procureur de la République de Bordeaux par l'un d'entre eux, Alain Thurin, ancien infirmier de Liliane Bettencourt, héritière de L'Oréal, où il tente d'expliquer sa tentative de suicide du 25 janvier.
Alain Thurin, 64 ans, se trouvait encore mercredi dans un coma profond, intubé et ventilé, à l'hôpital d'Arpajon (Essonne), après s'être pendu dans un bois proche de son domicile.
"La décision que je vais prendre demain dimanche avait déjà été réfléchie, seule la date restait à définir", écrit l'ex-infirmier de Liliane Bettencourt, qu'il appelle "Madame" comme la plupart des employés de l'hôtel particulier de la 11e fortune mondiale (environ 30 milliards d'euros) à Neuilly-sur-Seine.
"J'ai eu l'honneur de travailler auprès de Madame", souligne celui qui assure avoir tout fait pour "la défendre" et qui reste malgré tout poursuivi pour "abus de faiblesse" à son encontre. "Je ne voulais pas être assisté d'un avocat, même si je ne maîtrise pas ma défense. Je pensais être en mesure de m'expliquer", écrit Alain Thurin.
Mais il ne s'est apparemment plus senti la force d'affronter son procès: "Etre confronté à tous ces ténors du barreau serait très difficile, surtout sans preuve" pour étayer les accusations qu'il semble vouloir porter contre d'autres prévenus.
Le tribunal doit juger sur cinq semaines dix hommes, dont le député UMP et ex-ministre Eric Woerth, soupçonnés d'avoir profité entre 2006 et 2011 de la vulnérabilité de la milliardaire, pour des dons, donations ou legs portant au total sur des centaines de millions d'euros. Aujourd'hui âgée de 92 ans et sous tutelle, Liliane Bettencourt est la grande absente du procès.
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