La reprise du dialogue jeudi avec le patronat n'y change rien: la CFDT Transport, majoritaire dans la profession, s'est lancée mercredi dans l'action avec, au menu, des blocages de sites pétroliers, industriels et logistiques.
Le syndicat avait annoncé la couleur vendredi dernier, prévenant qu'il ciblerait des "grands groupes de transport", dont les propriétaires sont adhérents des fédérations patronales (FNTR, TLF et Unostra).
Le retour à la table des négociations prévu jeudi matin, sous l'impulsion du gouvernement et de son secrétaire d'Etat aux Transports Alain Vidalies, ne l'en a pas détourné.
Le coup d'envoi a été donné dans la nuit avec le blocage des zones pétrolières de Lyon, de La Rochelle et de Donges (Loire-Atlantique), selon la CFDT.
En Normandie, les manifestants ont pris pour cible la zone industrielle de la Poudrerie (Oissel), au sud de Rouen, et celle des Herbages à Lillebonne, près du Havre, ont-ils indiqué à l'AFP.
"Des camions sont bloqués dans leurs dépôts et ne peuvent pas sortir", a précisé Bruno Petit, un délégué CFDT. "Il s'agit de camions appartenant à des sociétés dont les directions sont impliquées dans les négociations nationales" sur les salaires, selon lui.
"La bonne nouvelle, c'est que la mobilisation est plus importante que prévue", s'est félicité Fabian Tosolini, porte-parole de la CFDT Transport, chiffrant à près d'un millier le nombre de militants répartis sur les différents points de blocage.
Sur l'ensemble des actions prévues, seule celle organisée en Ile-de-France a été modifiée, d'après le syndicaliste.
Plutôt que de bloquer l'entreprise Citaix, filiale du groupe de transport et de logistique Charles André, implantée à Nangis (Seine-et-Marne), les militants se sont reportés sur la raffinerie de Grandpuits, à quelques kilomètres de là.
- 'Aucun camion ne sort' -
A Reims, c'est toute la zone industrielle de la Pompelle qui est bloquée "par plus de 80 personnes", selon le responsable local de la CFDT Transport, Jean-Marie Hommet. "On a six points de blocage. Aucun camion, aucun fourgon ne sort de la zone", a-t-il assuré à l'AFP.
D'autres blocages devaient se mettre en place dans la matinée dans le Nord-Pas-de-Calais, en Bourgogne ou encore dans la région Centre.
En plus de ces actions coups de poing, la CFDT a prévu des opérations de filtrage des camions sur certains axes routiers (Lorraine, Bretagne, PACA), accompagnées d'une distribution de tracts pour expliquer les raisons de sa colère.
Les poids lourds devaient aussi être immobilisés au péage de Saint-Avold (Moselle), seuls les véhicules légers étant autorisés à passer.
La dernière séance de négociations annuelles obligatoires s'est terminée le 20 janvier sur un claquement de porte, le patronat et la CFDT quittant les négociations sur un "constat d'échec".
Les chambres patronales proposent une revalorisation de 1% pour les cadres et de 2% pour les coefficients salariaux les plus bas (ceux des salariés les moins qualifiés) de la convention collective, actuellement sous le Smic.
De leur côté, les syndicats exigent une augmentation de 5% pour les quelque 650.000 salariés du transport routier (marchandises, logistique, ambulanciers, conducteurs d'autocar, transporteurs de fonds), en plus de l'instauration d'un 13e mois et la suppression de la carence maladie.
Depuis l'interruption des négociations, l'intersyndicale (CGT, FO, CFTC, CFE-CGC) poursuit les blocages et opérations escargots qu'elle mène depuis le 18 janvier. Mais ses actions s'essoufflent chaque jour un peu plus, sauf dans quelques bastions de résistance (Rennes, Caen et Bordeaux).
Mardi soir, elle s'est félicitée de la reprise des négociations, indiquant qu'elle "s?y rendra(it) dans un esprit ouvert, constructif et combatif, avec la volonté que les négociations qui n?ont toujours pas réellement débuté puissent enfin amener à un compromis acceptable pour les salariés".
L'OTRE (TPE et PME) s'est également réjouie de la "reprise du dialogue entre les partenaires sociaux dans son cadre normal et légitime". La FNTR, principale fédération patronale du transport routier, viendra pour sa part jeudi "si les conditions du dialogue social sont réunies".
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