L'ex-président cubain Fidel Castro a rompu lundi un silence de plusieurs mois en confiant dans une lettre qu'il ne faisait pas confiance aux Etats-Unis, mais qu'il ne rejetait pas pour autant le rapprochement récemment engagé avec Washington.
"Je n'ai pas confiance dans la politique des Etats-Unis, et je n'ai échangé aucun mot avec eux, mais cela ne signifie à aucun moment un rejet d'une solution pacifique aux conflits", a déclaré l'ex-chef d'Etat de 88 ans dans un courrier lu sur l'antenne de la télévision d'Etat.
Ces affirmations viennent lever le mystère sur sa vision de la normalisation avec l'ennemi américain, que Fidel Castro n'a cessé de fustiger pendant des décennies. Ce courrier est également dévoilé au moment où l'Etat de santé du "Comandante", qui n'est pas apparu en public depuis plus d'un an, fait l'objet de rumeurs récurrentes.
Son silence remarqué au moment de l'annonce du dégel avec les États-Unis le 17 décembre, puis lors du retour au pays d'agents cubains libérés par Washington, avait nourri ces spéculations, principalement relayées par des journaux et sites internet de Cubains expatriés.
Dans cette lettre adressée à une fédération estudiantine, le père de la révolution cubaine - qui a cédé le pouvoir à son frère Raul à partir de 2006 pour raisons de santé - n'a pas commenté ces bruits mais a tenu à manifester son appui à la politique de son successeur vis à vis de Washington.
"Le président de Cuba a pris les mesures pertinentes au regard de ses prérogatives () Nous défendrons toujours la coopération et l'amitié entre tous les peuples du monde, y compris nos adversaires politiques", a déclaré Fidel Castro dans ce long message daté de lundi.
Lue sur l'antenne de la télévision nationale par Randy Perdomo, président de la Fédération estudiantine universitaire, le courrier évoque divers thèmes, allant des inégalités dans la Grèce antique aux campagnes militaires cubaines en Afrique dans les années 1970 et 1980, avant de conclure sur les relations avec le vieil ennemi américain.
Le long de son récit, Fidel Castro revient aussi sur ses années d'étudiant et de révolutionnaire jusqu'à son arrivée au pouvoir en 1959. "J'ai lutté et je continuerai à lutter (pour la dignité humaine) jusqu'à mon dernier souffle", a-t-il conclu.
- Plus d'un an d'absence -
La publication de la missive survient quatre jours après des premières discussions officielles de haut niveau entre les deux pays depuis plusieurs décennies. Ces pourparlers ont ouvert la voie au rétablissement des relations diplomatiques rompues en 1961 entre les deux pays.
La dernière sortie en public du Lider Maximo remonte à plus d'un an. Le 8 janvier 2014, il s'était rendu à l'inauguration de la galerie d'un ami de longue date. Cette brève apparition avait donné lieu aux dernières images filmées du "Comandante". Il était alors apparu voûté et semblait rencontrer des difficultés pour se déplacer, s'aidant d'une canne et du bras de son médecin personnel.
Depuis, les images du père de la révolution cubaine se sont faites très rares. Un comble pour cet "animal politique" réputé pour ses discours fleuves, qui adorait fustiger "l'ennemi impérialiste américain" et côtoyer les médias lorsqu'il était au pouvoir.
En juillet, il avait rencontré les présidents chinois Xi Jinping et russe Vladimir Poutine à son domicile, mais hors caméras. Seuls quelques clichés avaient immortalisé ces tête-à-tête. En août, Fidel Castro avait aussi reçu un jeune admirateur de 8 ans, mais là encore, seules des photos avaient témoigné de leurs entretiens.
Depuis, aucune image du "camarade Fidel" n'a été diffusée. Et ses fameuses "réflexions", auparavant publiées avec régularité dans la presse d?État cubaine, se font de plus en plus rares. Ses derniers billets datent d'octobre.
Le 12 janvier dernier toutefois, il avait rappelé le monde à son existence en adressant une lettre à son vieil ami, le footballeur argentin Diego Maradona, alors en tournage sur l'île communiste.
Mais le contenu de ce courrier dactylographié n'avait pas été dévoilé par les médias d'Etat.
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