Une atmosphère de liesse régnait lundi dans les régions kurdes syriennes après l'éviction du groupe jihadiste Etat islamique (EI) de la ville de Kobané, sa défaite la plus cuisante en Syrie.
Cet échec intervient le jour même où un responsable militaire en Irak annonçait que la province de Diyala, dans l'est du pays, était aussi libérée du groupe extrémiste.
"Kobané libéré, félicitations à l'Humanité, au Kurdistan et au peuple de Kobané", a tweeté dans l'après-midi Polat Can, un porte-parole des YPG (Unités de protection du peuple kurde), la milice qui défend la ville.
Plus tôt, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) avait affirmé que les Kurdes contrôlaient "totalement" Kobané, cette petite ville frontalière de la Turquie devenue le symbole de la résistance à l'organisation EI depuis que les jihadistes y ont lancé un vaste assaut le 16 septembre.
Dans les régions à majorité kurde en Syrie, des foules sont descendues dans les rues pour célébrer cette victoire, certains dansant, d'autres tirant en l'air en signe de joie, rapporte l'OSDH.
A Paris, quelque 300 personnes se sont rassemblées place de la République, déployant un immense drapeau aux couleurs kurdes sur fond de danse traditionnelle et feux d'artifice.
- Jihadistes en fuite -
Les YPG "ont chassé tous les combattants de l'EI", a précisé l'OSDH qui dispose d'un large réseau en Syrie. "Les jihadistes se sont repliés dans les environs de Kobané", a précisé à l'AFP son directeur Rami Abdel Rahmane.
Le département d'Etat américain est resté prudent une bonne partie de la journée, estimant que "les forces anti-EI contrôlaient approximativement 70% du territoire à Kobané et près de Kobané".
Mais un peu plus tard, le commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom) a estimé que les forces kurdes avaient repris "à peu près 90% de la ville de Kobané".
"La guerre contre le groupe Etat islamique est loin d'être terminée, mais son échec à Kobané prive l'EI de l'un de ses objectifs stratégiques", s'est félicité Centcom.
L'épilogue de la bataille à Kobané (Aïn al-Arab en arabe) fait suite à plus de quatre mois de violents combats menés par les forces kurdes avec le soutien prépondérant des frappes quotidiennes de la coalition internationale.
Mustefa Ebdi, militant kurde de Kobané, a affirmé à l'AFP que "les combats ont cessé" à Kobané et que la bataille visait désormais à "libérer les environs de la ville", où l'EI contrôle encore plusieurs dizaines de villages.
A l'extrémité est de la ville, les forces kurdes avançaient "prudemment () par peur des mines et des voitures piégées", selon le militant.
Les combats ont fait plus de 1.800 morts, dont plus de 1.000 dans les rangs jihadistes depuis la mi-septembre, selon un nouveau bilan de l'OSDH.
Le revers à Kobané porte un coup d'arrêt à l'expansion territoriale que le groupe EI mène en Syrie depuis son apparition dans le conflit en 2013, estiment des experts.
"C'est un coup dur pour l'EI et ses projets" d'expansion, a souligné Mutlu Civiroglu, spécialiste de la question kurde basé à Washington. "Malgré toutes leurs armes sophistiquées et leurs combattants, ils n'ont pas pu prendre la ville".
Les forces kurdes, au départ sous-équipées, ont réussi à prendre l'avantage grâce à l'appui crucial de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, qui a fait de Kobané une priorité depuis le début des frappes aériennes en Syrie le 23 septembre.
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