Le gouvernement doit davantage aider les familles pauvres, en particulier monoparentales, estime François Chérèque dans un rapport remis lundi au Premier ministre Manuel Valls, dans lequel il s'alarme de la hausse de la pauvreté des enfants.
L'ex-numéro un de la CFDT, chargé du suivi du plan quinquennal de lutte contre la pauvreté lancé il y a deux ans, souligne que l'impact des mesures mises en oeuvre ne peut pas être encore complètement mesuré, les derniers indicateurs officiels de pauvreté portant sur 2012.
Dans son rapport rédigé avec Christine Abrossimov et Mustapha Khennouf, également membres de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), il constate que la stagnation du taux de pauvreté en 2012 (-0,4 point à 13,9% de la population selon l'Insee) cache une augmentation de son intensité.
"En somme, les pauvres sont relativement un peu moins nombreux, mais plus pauvres", et la persistance de la crise économique "ne permet pas d'entrevoir une réelle amélioration" dans les prochaines années.
Les auteurs signalent le "phénomène inquiétant" de l'augmentation du taux de pauvreté des enfants de moins de 18 ans (+0,1 point à 19,6%), qui vivent souvent dans des familles monoparentales, ces deux catégories de population étant "les premières victimes de la crise".
La France a compté 440.000 enfants pauvres supplémentaires entre 2008 et 2012, précisent-ils d'après des données de l'Unicef, l'agence des Nations unies pour l'enfance.
Ils préconisent des actions spécifiques, en plus de la revalorisation des minima sociaux déjà mise en place pour les familles monoparentales et nombreuses à faibles revenus (complément familial majoré, allocation de soutien familial): accélération de l'accès aux structures d'accueil collectif (crèches, écoles maternelles), accompagnements renforcés vers l'emploi pour les parents.
- dossier simplifié abandonné -
Concernant l'ensemble du plan, les auteurs constatent "une montée en charge globalement positive" des principaux engagements: le calendrier de revalorisation des minimas sociaux est respecté et, parmi les mesures engagées, figurent les rendez-vous des droits par les Caisses d'allocations familiales (CAF), qui permettent d'informer sur les droits potentiels à des allocations, et la garantie jeune, qui offre aux jeunes les plus en difficulté, pendant un an, un accompagnement renforcé vers l'emploi.
En revanche, la mission déplore "des retards dans la mise en oeuvre de certaines mesures", comme la simplification de l'accès aux droits.
Le dossier simplifié, qui devait unifier la demande de neuf prestations, a ainsi été abandonné après avoir été expérimenté dans deux départements, et remplacé par de nouvelles initiatives: développement d'un simulateur de droits en ligne et d'un "coffre-fort numérique" pour conserver les documents officiels.
Le rapport considère néanmoins nécessaire d'aller plus loin dans la simplification. A cet égard, l'une des mesures phares du plan, la réforme du soutien aux travailleurs modestes qui vise à fusionner la Prime pour l'emploi (PPE) et le RSA-activité dans une prestation unique, est maintenant programmée pour le 1er janvier 2016.
La construction de logements sociaux et très sociaux "n'atteint pas ses objectifs", et l'ouverture de places d'hébergement d'urgence "ne suffit pas pour mettre un terme à la +gestion au thermomètre+ de ce problème", déplorent également les auteurs du rapport.
Alors que le taux de non recours à l'ACS (aide à l'acquisition d'une couverture maladie complémentaire) est chiffré à 65% en 2012, le rapport préconise de prévoir l'accès automatique à cette prestation, ainsi qu'à la CMU-C (couverture maladie universelle complémentaire), pour les personnes percevant les minima sociaux.
Les auteurs apportent leur soutien à la généralisation du tiers-payant. Cette mesure du projet de loi santé se heurte à l'opposition des médecins, alors que ce système de dispense d'avance des frais médicaux est "en vigueur dans la quasi-totalité des pays européens" et "facilite l'accès aux soins des plus modestes, sans conduire pour autant à une déresponsabilisation". Son "aménagement" ou "report" constituerait "un signal négatif", estiment-ils.
Présentant son propre bilan, le collectif d'associations Alerte (Secours catholique, ATD Quart Monde, Médecins du Monde ) a pointé des situations d'"apartheid" et de "ghettoïsation" de certaines communes, en jugeant le plan quinquennal "insuffisant" face à la pauvreté.
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