Avant même d'entrer dans le vif du sujet, le premier procès de "l'affaire Bettencourt" s'est ouvert lundi à Bordeaux sur un coup de théâtre: l'annonce de la tentative de suicide, à l'issue encore incertaine, de l'ancien infirmier de la milliardaire Liliane Bettencourt, Alain Thurin.
La veille de l'audience où il devait être jugé pour "abus de faiblesse" au détriment de la milliardaire, Alain Thurin, 64 ans, "aurait tenté d'attenter à ses jours" en se pendant dans un bois près de son domicile, dans l'Essonne, a annoncé le Procureur adjoint Gérard Aldigé.
"Nous ne savons pas s'il est mort ou vivant", a ajouté le président du tribunal correctionnel de Bordeaux, Denis Roucou. L'ex-infirmier n'avait pas d'avocat pour le représenter au procès.
De source policière interrogée par l'AFP en région parisienne, on indique toutefois qu'Alain Thurin "est à l'hôpital entre la vie et la mort". De source proche du dossier, on précise qu'il a été découvert par un passant, "très gravement atteint", dans un parc de Brétigny-sur-Orge (Essonne), près de son domicile, et que son pronostic vital est "engagé".
Au total, dix personnes sont poursuivies dans le premier volet de ce dossier tentaculaire, pour la plupart soupçonnées d'avoir profité de la vulnérabilité de la richissime nonagénaire héritière du groupe de cosmétiques L'Oréal.
Sur le banc des prévenus lundi, l'ancien ministre UMP Eric Woerth, aujourd'hui député de l'Oise, est quant à lui poursuivi pour "recel" d'une somme que lui aurait remise Patrice de Maistre, gestionnaire de fortune de Mme Bettencourt, alors qu'il était trésorier de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, ce que nie le député. L'ancien président avait lui-même été mis en examen au printemps 2013 mais a depuis bénéficié d'un non-lieu.
- Des centaines de millions d'euros -
Parmi les autres principaux prévenus figurent Patrice de Maistre et le photographe François-Marie Banier, confident de la milliardaire. Ils sont tous deux poursuivis pour "abus de faiblesse" et "blanchiment" au détriment de la vieille dame, aujourd'hui âgée de 92 ans, alors qu'elle souffrait de sénilité depuis septembre 2006, selon une expertise psychiatrique dont les termes devraient être fortement débattus au procès.
Ces délits sont passibles chacun d'une peine maximale de trois ans d'emprisonnement et de 375.000 euros d'amende.
Dons manuels ou libéralités par millions d'euros, faramineux contrats d'assurance-vie, donations de tableaux, d'oeuvres d'art, de mobilier: le procès, sur cinq semaines, va braquer ses projecteurs sur les coulisses de l'hôtel particulier de la 11e fortune mondiale à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), ses usages et ses rivalités internes.
A lui seul, François-Marie Banier est accusé d'avoir perçu plus de 400 millions d'euros de la part de Liliane Bettencourt, sans compter les autres petits cadeaux consentis au compagnon du photographe, Martin d'Orgeval, lui aussi poursuivi à Bordeaux.
Des montants à la fois énormes et dérisoires au regard de la fortune de l'héritière de l'empire L'Oréal (plus de 30 milliards d'euros selon le magazine américain Forbes).
"La dimension de ce procès ne doit pas faire oublier les actes", a tempéré Me Arnaud Dupin, l'un des avocats de Liliane Bettencourt. "Cette femme de 92 ans a droit à ce que justice lui soit rendue face à tant d'abus, tant de délits commis a son encontre", a-t-il déclaré avant l'ouverture des débats.
La milliardaire, affaiblie et sous tutelle, sera la grande absente du procès sur de présumés abus de faiblesse à son détriment.
- Absence d'un témoin central -
Autre absence remarquée lundi matin, celle de Claire Thibout, ex-comptable de Liliane Bettencourt et principal témoin à charge dans ce volet d'abus de faiblesse. Certificat médical à l'appui, Mme Thibout a fait savoir par le biais de son avocat que son état de santé ne lui permettait pas de se présenter devant le tribunal pour "une durée indéterminée".
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