Elle se souvient des "machettes": Claudia Priest, l'humanitaire française retenue cette semaine en otage en Centrafrique, raconte à l'AFP avoir été menacée de mort par ses ravisseurs, des miliciens qui ne lui font toutefois pas oublier une population qu'elle "aime".
Enlevée lundi à Bangui en même temps qu'un employé centrafricain de la même ONG, lui aussi libéré, elle a retrouvé la liberté vendredi. Elle doit être rapatriée dimanche en France.
La Française, arrivée en Centrafrique le 6 janvier pour une mission de deux semaines pour le compte de l'ONG médicale catholique CODIS (Coordination diocésaine de la santé), avait été emmenée dans le quartier Boy-Rabe, fief des miliciens chrétiens anti-balaka dans la capitale, puis à une quinzaine de km dans la brousse à l'arrière de ce quartier.
Q: Comment vous sentez-vous? On imagine que c'est un soulagement.
R: Un très gros soulagement. Je n'y croyais pas du tout. C'est simplement quand j'ai vu Monseigneur Nzapalainga (l'archevêque de Bangui), () je l'ai pris dans mes bras, il m'a pris dans ses bras, là j'ai dit: +c'est bon+.
Q: Comment l'enlèvement a-t-il eu lieu?
R: Nous roulions tranquillement () Tout d'un coup il a surgi devant nous des gens avec des mitraillettes, des bonnets avec des insignes comme ça un peu bizarres, qui nous ont demandé de nous arrêter. On était vraiment mis en joue.
Q: Comment étaient les ravisseurs?
R: Ils étaient vraiment très menaçants, ils avaient les armes, ils avaient les poignards, ils avaient les machettes, et ils me disaient +on va te tuer, on va t'égorger, on va te tuer+.
Ils m'ont frappée, ils m'ont traînée parce que je suis tombée forcément, ils m'ont traînée, emmenée jusqu'à une carrière un peu loin là sur la colline. Ensuite nous avons marché, sur au moins 15 km, nous avons marché des heures et des heures, ils m'ont mis quelque chose pour qu'on ne reconnaisse pas que j'étais française.
Q: Comment avez-vous vécu les journées de captivité?
R: J'espérais tous les jours, chaque soir on voyait le soleil se coucher, on se disait +peut-être demain, peut-être demain+. Et dès que je voyais midi, une heure passer, je me disais +non, la journée est terminée, c'est fini, on est reparti pour une journée supplémentaire+.
Si bien qu'hier j'avais décidé, au bout de cinq jours de captivité, je leur ai dit: +Ecoutez, moi ça suffit, je ne veux plus vous entendre, je reste sur ma paillasse avec juste de l'eau, je ne m'alimente pas, je ne vous parle plus. Tant que l'on ne me dira pas 'tu es libre', je ne veux plus rien entendre+. Je crois que ça les a fait réfléchir, parce que j'étais déjà très fatiguée, malade avec des plaies qu'ils ne pouvaient pas soigner, je n'avais rien pour me soigner. Et donc je crois que ça leur a fait peur.
Q: Comment avez-vous appris que vous alliez être libérée?
R: Moi j'étais sur ma paillasse de briques, ils sont venus vers moi, deux sont venus vers moi et ils m'ont dit: +maman (expression utilisée à l'adresse d'une femme plus âgée en Afrique), ça y est, tu es libre+. Je ne les croyais pas.
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