Un mois après Jacques Chancel, une autre grande voix de la radio s'est tue samedi avec la mort de José Artur, créateur en 1965 du "Pop-Club", émission culte qu'il a animée pendant 40 ans avec une grande liberté de ton sur France Inter.
José Artur, qui était aussi comédien, est décédé tôt samedi matin à l'âge de 87 ans, a indiqué à l'AFP son fils David, également producteur d'émissions pour la radio. L'intervieweur vedette du "Pop Club" était hospitalisé depuis une dizaine de jours à Paris à la suite d'un accident vasculaire cérébral.
"José Artur est mort et c'est toute une époque, un ton à la radio qui disparaît. Quelle tristesse pour France Inter et Radio France", a tweeté le PDG de Radio France, Mathieu Gallet.
"José Artur était pour nous tous l'incarnation de l'esprit Inter: libre, ironique, cultivé, tenant à distance les poncifs, les cuistres et la vulgarité", a souligné dans un communiqué la directrice de la station, Laurence Bloch.
En novembre, a-t-elle rappelé, il avait participé à une émission à l'occasion de la réouverture de la Maison de la radio, où il "bluffa le public et toutes les équipes par sa vivacité, sa repartie et son immense curiosité".
Pour tous les amoureux du rock, du jazz, de la chanson, et de la culture en général, le "Pop Club" a été pendant des décennies un rendez-vous incontournable, bien que tard le soir. Des générations d'auditeurs ont fredonné les fameux génériques de l'émission, interprétés par Les Parisiennes ou plus tard par Serge Gainsbourg.
C'était le "compagnon des fins de soirées pour ceux qui aimaient la belle radio, la culture vivante", a écrit sur Twitter le Premier ministre Manuel Valls.
Par sa longévité et la liberté de ton promue par son animateur curieux et bavard, l'émission est devenue l'une des plus célèbres de France Inter, où il avait posé ses valises en 1951.
"J'agressais, en jouant du contre-pied comme d'une arme, pour sortir mes invités de leurs appréhensions, obtenir des ripostes 'naturelles' et faire oublier le micro", écrivait-il dans son livre "Au plaisir des autres".
- Habitué du festival de Cannes -
Artistes, journalistes et producteurs ont été nombreux à rendre hommage à ce monument de la radio publique. L'animateur Stéphane Bern a regretté le départ d'"un ami précieux () qui savait rendre la culture gourmande et pop". Le journaliste Philippe Labro se souvient de sa "grande souplesse d'esprit".
Le "Pop Club", où sont passés des centaines de chanteurs, cinéastes, comédiens, intellectuels et hommes politiques à partir d'octobre 1965, a été arrêté en juin 2005.
Loin de se cantonner à cette émission phare, l'animateur à l'éternelle écharpe blanche a aussi officié dans "Qu'il est doux de ne rien faire", "Flirtissimo", "A qui ai-je l'honneur?", "C'est pas dramatique".
A la télévision, José Artur a également collaboré à "Peplum", "Bancs publics", "Le Petit théâtre du dimanche" (1977), "Pleins feux" (1979), "Bravos" (1983-1984), "Le théâtre de José Artur" (1996) et "Mise en scène" (1997).
Comédien dans l'âme - une passion transmise à sa fille, l'actrice Sophie Artur -, il a tourné avec Costa-Gavras ("Z"), Jean Yanne ("Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ") ou Claude Lelouch ("il y a des jours et des lunes").
Il était un habitué du festival de Cannes et avait participé à la première édition en septembre 1946 à l'âge de 19 ans.
Sur Twitter, Gilles Jacob, qui a présidé le festival de 2001 à 2014, a salué un "génie de la radio () un conteur éblouissant, drôle, intarissable, mémoire et culture réunies. "Vite un hommage!", a-t-il lancé.
Hommage il y aura évidemment: France Inter va saluer la mémoire de son animateur vedette "dès ce weekend dans les grandes éditions d'information et dans l'émission +Pop fiction+ samedi soir". A partir de lundi, la station de toujours de José Artur rediffusera "chaque soir à 23H00 le Pop Club".
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