Les électeurs grecs feront dimanche un choix historique : réélire un gouvernement largement discrédité, mais expérimenté, ou être les premiers en Europe à tenter le "non" à l'austérité, en portant au pouvoir le parti de gauche radicale Syriza.
Maria, contrôleur aérien de 58 ans, assistait jeudi au dernier meeting athénien avant les législatives du président de Syriza, Alexis Tsipras. "Il va gagner, changer le système et apporter plus de justice pour les pauvres", s'enflamme-t-elle.
Angelos, chauffeur de taxi de 27 ans, votera au contraire pour Nouvelle démocratie (ND), parti du Premier ministre conservateur Antonis Samaras : "Voter Syriza, c'est comme donner un jouet compliqué à un enfant qui ne sait pas s'en servir".
C'est tout le débat. Après six ans de récession, et la purge imposée au pays par ses créanciers, UE et FMI, en échange de 240 milliards d'euros de prêts, la Grèce a perdu un quart de son PIB, le chômage dépasse 25% et la dette 300 milliards d'euros (175% du PIB).
Le gouvernement Samaras, arrivé en juin 2012, a réussi à ramener un peu de croissance depuis mi-2014, à obtenir un excédent budgétaire primaire (c'est-à-dire hors charge de la dette) et à faire une incursion réussie sur les marchés obligataires en avril.
- Avance de deux à huit points -
Mais il a cru à tort pouvoir s'affranchir plus tôt que prévu de la tutelle des créanciers. Au contraire, l'aide de l'UE a dû être allongée de deux mois, jusqu'à fin février, et le pays a encore des efforts à faire pour obtenir les 7 milliards d'euros espérés à cette date. Tandis que la population souffre toujours.
Coup de poker manqué, M. Samaras a avancé en décembre de deux mois l'élection par les députés du Président de la République. Mais son candidat n'a pas été élu, précipitant une dissolution du Parlement et ces nouvelles élections, pour lesquelles tous les sondages le donnent battu.
Jeudi, l'avance de Syriza était évaluée entre deux à huit points, selon les instituts. "L'Histoire frappe à la porte de notre patrie, notre patrie frappe à la porte de Syriza", a lancé M. Tsipras à ses supporters.
Ni la Bourse d'Athènes, qui a perdu un quart de sa valeur depuis décembre, ni les créanciers du pays n'ont d'abord caché leur inquiétude, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker allant jusqu'à souhaiter publiquement continuer à travailler avec "des visages familiers".
Syriza veut en effet obliger les créanciers à réduire fortement la dette, perspective inquiétante pour les milieux financiers, qui ont ranimé le spectre du "Grexit" (sortie de la Grèce de la zone euro).
Mais Alexis Tsipras s'est montré très rassurant sur ce point, et, devant l'énorme probabilité de sa victoire, les créanciers préfèrent afficher désormais un certain calme.
Le Fonds monétaire international "n'examine même pas" l'hypothèse d'un Grexit, a ainsi assuré jeudi un de ses porte-parole.
La BCE de son côté n'a pas fait d'exception pour la Grèce dans son programme de rachat d'obligations annoncé jeudi, observant toutefois que "des critères d'éligibilité seraient appliqués". Elle va aussi aider temporairement les grandes banques grecques, dont certains clients ont retiré leurs économies récemment en attendant d'y voir plus clair.
- "Fort en rhétorique, vague sur les détails" -
Pour la banque Berenberg, le tempête s'est apaisée car durant la campagne, "Syriza a été fort en rhétorique anti-réformes, mais vague sur les détails", donnant "l'espoir qu'ils seront pragmatiques une fois au pouvoir".
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