Deux semaines après les attentats qui ont ensanglanté Paris, le président français François Hollande était attendu vendredi pour la première fois depuis son élection au Forum économique mondial de Davos où il doit appeler le gotha de l'économie et de la finance à apporter une réponse "globale" aux menaces terroriste et climatique.
Retardé par les conditions météorologiques, M. Hollande devait intervenir finalement à 14H15 (13H15 GMT) devant quelque 2.000 responsables politiques et économiques très préoccupés cette année par la multiplication des crises, de l'Ukraine au Moyen-Orient et jusqu'en France donc, où les attentats jihadistes ont fait dix-sept morts début janvier.
En 2005, Jacques Chirac avait annulé au dernier moment son déplacement dans cette petite station helvétique reculée en raison déjà des conditions météorologiques. Mais il avait plaidé dans une vidéoconférence pour une taxe sur les transactions financières ou les billets d'avion afin de financer la lutte contre le sida.
Ouvrant le Forum en 2010, Nicolas Sarkozy s'était lancé quant à lui dans une longue diatribe contre les «folies» d'une économie de marché livrée à elle-même, tirant les leçons de la crise financière de 2008.
Au centre des préoccupations du 45e Forum de Davos, le climat est aussi au c?ur de celles du président Hollande qui entend laisser une "trace" dans l'histoire en arrachant un accord "ambitieux, universel et contraignant" à l'issue de la conférence mondiale que la France organisera fin 2015 à Paris.
Pour le président français, les géants de l'économie mondiale rassemblés dans la très sélecte station de sports d'hiver sont doublement concernés: ils ne sauraient "prospérer dans un monde déchiré" et ont tout intérêt à concourir au développement durable, porteur d'"opportunités technologiques" et de croissance économique.
Cinq ans après l'échec cuisant de Copenhague, les grandes entreprises des pays industrialisés ou émergents ont ainsi vocation, selon lui, à se "mobiliser" en faveur d'un accord à Paris.
"Mon message sera de dire que la responsabilité est globale à l'égard des menaces terroriste et climatique", a confié le président français cette semaine à des visiteurs.
- 100 milliards de dollars -
Quant à la finance, dont il avait fait il y a trois ans presque jour pour jour son "adversaire" au c?ur de sa campagne présidentielle, elle serait aujourd'hui un allié indispensable pour abonder le fonds vert de l'ONU destiné à la lutte contre le réchauffement climatique dans les pays émergents et pauvres.
Chichement doté jusqu'à présent d'une dizaine de milliards de dollars, ce fonds est censé capitaliser 100 milliards de dollars annuels à terme, ce qui exigerait, souligne le chef de l'État français, le concours de "financements innovants et d'entreprises" au côté des crédits publics. "La finance ne peut pas se mettre de côté, elle sera sollicitée", a-t-il observé en privé.
Avant d'intervenir en séance plénière, François Hollande déjeunera avec une vingtaine de dirigeants de grandes entreprises et d'investisseurs du secteur des hautes technologies (Nestlé, Alibaba Group, Deloitte, KPMG, Ericsson), l'occasion de faire valoir une nouvelle fois les réformes engagées par la France pour renforcer l'attractivité de son économie.
Son message sera écouté avec d'autant plus d'attention que le FMI vient de ramener sa prévision de croissance pour la France à 0,9% cette année.
Dans cette atmosphère très "business friendly", il devrait surfer sur le fameux "j'aime l'entreprise" de son Premier ministre Manuel Valls devant les patrons français.
"Quelque 20.000 entreprises étrangères sont implantées en France, réalisant 29% du chiffre d'affaires de l'industrie française", le signe que "les entreprises aussi aiment la France", souligne-t-on à l'Élysée.
Dans le même esprit, M. Hollande s'entretiendra dans l'après-midi avec vingt-cinq "shapers" (des précurseurs), issus d'une "communauté" de quelque 700 "jeunes leaders" de 25 à 30 ans porteurs de projets économiques ou sociaux innovants.
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