Le jeune Isookanga est un pygmée ekonda, originaire d'un petit village congolais au coeur de la forêt équatoriale. La modernité est resté en lisière de cette petite communauté. Les habitants s'habillent avec des pagnes, chassent pour se nourrir et les télévisions, les ordinateurs ou Internet n'ont pas le droit de cité.
"Je suis mondialiste"
Un monde immobile, tranquille, régi par Lomama, le vieil oncle d'Isookanga et chef de village. Mais un univers qui va subitement basculer avec l'installation, au coeur de la forêt, d'un pylone de télécommunications. Le vers est dans le fruit, les animaux fuient, tous les villageois pleurent. Tous, sauf Isookanga. Successeur désigné de son oncle comme chef du village, le pygmée n'a qu'un slogan à la bouche : "Je suis mondialiste". Un mondialiste connecté au monde, qui s'évade dans des jeux vidéos où les ressources minières sont exploitées sans scrupule, un mondialiste qui a compris que la loi du plus fort et du plus moderne s'impose. Un mondialiste qui n'a qu'une ville en tête : Kinshasa la capitale.
Des fragments d'humanité
Le voilà débarqué dans la mégalopole, à côtoyer la misère d'une ville où se croisent sans se parler ex-enfants soldats, seigneurs de guerre à la retraite, fonctionnaires de l'ONU corrompus et Chinois venus chercher la bonne fortune sur une terre riche en ressources.
Jean Bofane ne cherche pas à dramatiser. Sa plume reste empreinte d'humour, un humour propre à dédramatiser une réalité pas toujours rose. Surtout, l'écrivain réussit l'exploit à faire ressortir l'humanité de chaque personnage. Isookanga a beau être partisan d'une mondialisation sans limites, son audace plaît. Les enfants des rues, violents et sauvages, restent attachants. Ziang Xha, Chinois perdu sur une terre congolaise qu'il a tenté de conquérir, attire la compassion. Oncle Lomama et ses croyances ancestrales font sourire.
Seuls quelques protagonistes secondaires sont campés avec cruauté : religieux véreux qui profitent de la quête de croyances de la population pour s'en mettre plein les poches et fonctionnaires de l'ONU davantage occupé à bronzer au soleil plutôt qu'à maintenir la paix dans une région déchirée par les guerre ethniques.
Chez Jean Bofane, l'humour côtoye toujours l'amertume, la cruauté de la guerre est toujours compensée par des fragments d'humanité. Oui, le monde marche à l'envers, mais il n'est peut-être pas trop tard pour le remettre à l'endroit.
Pratique. Samedi 24 janvier, 15h30 à l'Armitière. Congo Inc. Le Testament de Bismarck, ed. Actes Sud.
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