Une vingtaine de pays de la coalition internationale contre le groupe Etat islamique (EI) faisaient le point jeudi à Londres de leurs opérations militaires en Irak et Syrie et cherchaient à répondre à la menace de jihadistes étrangers ravivée par les attentats à Paris.
En ouvrant cette réunion au manoir de Lancaster House, le secrétaire d'Etat américain John Kerry, qui avait mis sur pied l'été dernier la coalition d'une soixantaine de pays, a estimé que la lutte contre l'EI représentait "le défi de notre temps". Le patron de la diplomatie américaine coprésidait avec son homologue britannique Philip Hammond la rencontre londonienne, en présence de représentants de 21 pays, dont les ministres des Affaires étrangères de France, de Turquie et de pays arabes.
Les discussions portent sur la campagne militaire contre l'EI en Irak et en Syrie, ses sources de financement, ses communications stratégiques, sur l'assistance humanitaire à apporter dans la région et sur la question ultra sensible des combattants étrangers.
"Cette réunion rassemble les membres clés de la coalition, ceux qui sont les plus engagés sur la ligne de front, afin de faire le point sur ce que nous avons réalisé depuis quatre ou cinq mois", a résumé M. Hammond.
John Kerry a estimé de son côté que la coalition pilotée par les Etats-Unis avait "stoppé les avancées de l'EI en Irak, remis en cause ses ressources et sa capacité à faire venir des combattants étrangers".
Mais "nous avons encore beaucoup de travail", a mis en garde le ministre américain.
Les membres de la coalition doivent discuter longuement de la menace représentée par les étrangers partis rejoindre des groupes jihadistes et dont certains sont revenus en Europe, à la lumière des récentes attaques à Paris.
"Ces cellules dormantes sont là depuis des années", a constaté John Kerry. "Ces groupes ont depuis longtemps des projets d'attaques contre les intérêts occidentaux", a rappelé le secrétaire d'Etat en évoquant "Ben Laden et le 11-Septembre à New York".
- Une menace qui 'se renforce' -
Il y a deux semaines, trois jihadistes ont tué 17 personnes dans plusieurs actions à Paris en se revendiquant d'Al-Qaïda au Yémen et de l'EI. Une semaine plus tard, une opération antijihadiste a été menée en Belgique pour déjouer un attentat imminent.
Un rapport de la commission du Conseil de sécurité de l'ONU publié en novembre avait chiffré à 15.000 le nombre de combattants à avoir rejoint des organisations radicales comme l'Etat islamique, en provenance de 80 pays.
Mais selon un diplomate américain, les frappes de la coalition commencent à produire un "effet dévastateur sur les combattants étrangers" dont "un grand nombre son tués" en Irak et en Syrie.
Pour tarir l'afflux de jihadistes, le Premier ministre britannique David Cameron et son homologue turc Ahmet Davutoglu se sont engagés dès mardi à coopérer sur le partage des listes de passagers empruntant des vols civils entre les deux pays.
La Turquie, qui partage 900 km de frontière avec la Syrie, est régulièrement accusée de traîner des pieds face à la menace jihadiste et de ne pas suffisamment contrôler ses frontières.
Les craintes que de nouvelles attaques puissent viser des pays en guerre contre l'EI, notamment en Europe, restent vives.
"Je suis inquiet car la menace est plus forte et se renforce", a confié à l'AFP l'eurodéputé conservateur français Arnaud Danjean, ancien membre des services de renseignement.
"J'ai peur d'un gros coup d'Al-Qaïda, qui n'a pas renoncé à frapper en Europe. Mais la menace la plus angoissante est celle du terrorisme atomisé car sa détection est très très compliquée", a-t-il continué. "Le problème avec l'Etat islamique est qu'il ne commandite rien mais inspire des actions."
La coalition se retrouve aussi à Londres à quelques heures de l'expiration de l'ultimatum concernant les deux otages japonais menacés d'exécution par le groupe EI si une rançon de 200 millions de dollars ne lui est pas versée.
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