Les syndicats de routiers, décidés à poursuivre leurs actions pour pousser le patronat à retourner à la table des négociations salariales, ont reçu un soutien mercredi soir du gouvernement qui a "déploré" le refus des organisations patronales de reprendre le dialogue.
Alors que les fédérations patronales avaient annoncé sans ambiguïté mercredi qu'elles ne répondraient pas à une invitation du président de la commission mixte paritaire à un nouveau round de discussions jeudi matin, le secrétaire d'Etat chargé des transports Alain Vidalies a, dans la soirée, "déploré (ce) refus", jugeant, lui, que "les conditions de la négociation (étaient) réunies".
Trois de ces fédérations, la FNTR, TLF et l'Unostra avaient un peu plus tôt justifié leur opposition à toute réunion jeudi matin en affirmant, dans un communiqué commun, qu' "aucun élément nouveau" ne permettait "de reprendre la négociation dans les meilleures conditions et d'espérer la signature d'un accord". Une quatrième, l'OTRE, s'était ensuite ralliée à leur position.
Ces fédérations estiment ne pas être "en capacité de faire mieux" que les 2% maximum de hausses de salaires qu'elles sont prêtes à consentir, alors que les syndicats réclament 5%. Elles soulignent qu'elles ont aussi "proposé d'ouvrir des chantiers" sur les évolutions de la protection sociale, la refonte des classifications ou encore la formation professionnelle, propositions "toutes rejetées".
"Nos entreprises sont frappées de plein fouet par la crise économique et souffrent d'un grave déficit de compétitivité", font-elles valoir.
Mais Alain Vidalies, de son côté, pointe que les entreprises "ont bénéficié d'importantes mesures de soutien à l'emploi" dans cette branche où "les salaires conventionnels n'ont pas été augmentés depuis deux ans et certains taux horaires sont inférieurs au Smic" .
Abasourdis par l'attitude "jusqu'au-boutiste" du patronat, l'ensemble des syndicats représentatifs avaient, pour leur part, déjà annoncé qu'ils se rendraient quoi qu'il en soit à 8H30 à la Direction Générale du Travail à Paris, où est prévu ce nouveau round de négociations, espérant un retournement de situation.
- 'Déclaration de guerre' -
La CGT Transport a évoqué "une déclaration de guerre". "Si à 8h30 le patronat n?est pas à la table des négociations, nous demandons solennellement que le gouvernement sorte de sa réserve et annonce immédiatement la suspension de toutes les aides publiques aux entreprises du secteur d?activité, retournant ainsi le rapport de force", a averti le syndicat.
La CGT appelle également "ses militants à maintenir les actions prévues (jeudi) pour que la négociation se passe sous la pression et le contrôle des salariés".
Pour FO, ce refus est "un déni de l?autorité de l?Etat". "On a une convocation de l'Etat, on y va", a indiqué son représentant Patrice Clos, imité ensuite par Thierry Cordier secrétaire général de la CFDT, premier syndicat de la profession.
Mercredi, la CFDT Transports, qui n'a pas encore pris part au mouvement, a menacé les organisations patronales d'un "conflit majeur" en l'absence de nouvelles négociations "dans les prochaines heures". "Ils prendront leur responsabilité, et nous la nôtre", a assuré Thierry Cordier.
Depuis dimanche soir, l'intersyndicale (CGT, FO, CFTC et CFE-CGC) organise blocages et opérations escargots.
Mercredi soir, des routiers tentaient localement d'organiser les actions à venir comme à Chambéry, où la CGT a donné rendez-vous à ses adhérents à 06H00 jeudi. "Suivant le nombre, nous déciderons des modalités de l?action. Cela peut aller de l?opération escargot sur la voie rapide, le blocage d?une zone industrielle ou une distribution de tracts autour de ronds-points avec ralentissements", a-t-elle indiqué dans un communiqué.
Faute d'accord sur l'ampleur de l'augmentation salariale entre syndicats et patronat, les minimums conventionnels resteraient ceux en vigueur l'année dernière.
En 2014, un seul des quatre coefficients dans le transport routier - celui des salariés les plus qualifiés - dépassait le Smic, fixé à 9,53 euros bruts par heure. Le salaire minimum a été relevé à 9,61 euros au 1er janvier.
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