Le leader du mouvement allemand contre l'islamisation Pegida, Lutz Bachmann, a démissionné mercredi, après la parution dans la presse d'une photo prise de lui en Adolf Hitler et la révélation de propos outranciers sur les réfugiés.
Dans la soirée, le groupe Legida, qui se présente comme la déclinaison de Pegida à Leipzig, a par ailleurs rassemblé 15.000 manifestants dans cette ville d'ex-RDA, très loin des 40.000 à 60.000 prévus par les organisateurs.
"Oui, je quitte la direction" de Pegida, a déclaré M. Bachmann en fin d'après-midi au quotidien populaire Bild, une information confirmée à l'AFP par la porte-parole de Pegida, Kathrin Oertel.
"Je présente mes excuses sincères à tous les citoyens qui ont pu se sentir offensés par mes publications (sur Facebook)", a ajouté cet ancien cambrioleur âgé de 41 ans dans un communiqué diffusé sur la page de Pegida, mouvement des "Patriotes européens contre l'islamisation de l'Occident".
L'authenticité de la photo retrouvée sur Facebook et rendue publique par plusieurs journaux avait été confirmée par Mme Oertel, qui l'avait d'abord qualifiée de "plaisanterie".
Interrogé par Bild, le dirigeant de Pegida, mouvement qui organise à Dresde (est) des manifestations tous les lundis depuis le 20 octobre, avait expliqué avoir fait ce cliché "chez le coiffeur" à l'occasion de la parution de la version audio d'un ouvrage satirique sur Hitler, "Il est de retour" de l'Allemand Timur Vermes (2012).
D'autres déclarations de M. Bachmann, postées sur Facebook en septembre 2014, avaient également attiré l'attention. Le leader de Pegida affirmait notamment qu'il n'y avait "pas de véritables réfugiés fuyant des conflits". Il les traitait également de "salauds" et de "bêtes".
Le Parquet de Dresde a dit "examiner" si ces propos constituaient une infraction, notamment celle "d'incitation à la haine raciale", a affirmé à l'AFP son porte-parole.
Plus que la photo que Mme Oertel désigne sous le nom d"Hitler selfie" et dont elle estime qu'elle constitue "une satire, ce qui est le droit de tout citoyen", la porte-parole de Pegida explique que ce sont les propos de M. Bachmann qui ont choqué la direction du mouvement.
- Dresde prend ses distances -
"En tant qu'association, nous rejetons avec la plus grande force les propos publiés en septembre par Lutz Bachmann sur Facebook et désormais rendus publics", a-t-elle affirmé, ajoutant : "ils ne contribuent pas à conforter la confiance dans les objectifs et les protagonistes de Pegida".
Dimanche, la manifestation hebdomadaire prévue à Dresde le lendemain avait été annulée à la demande de la police, en raison d'un "risque d'attentat concret" précisément contre Lutz Bachmann.
Depuis le 20 octobre, les rangs des manifestants de Pegida n'ont cessé de grossir à Dresde, ville de l'ancienne Allemagne de l'Est communiste où vivent pourtant peu d'étrangers, rassemblant jusqu'à 25.000 personnes pour sa dernière édition, le 12 janvier.
Les leaders du mouvement ont longtemps refusé de s'exprimer dans les médias qualifiés de "Lügenpresse" (presse mensongère), mais dimanche soir, sur la première chaîne de télévision publique allemande ARD, Kathrin Oertel a assuré "avec fermeté" que Pegida n'était pas un mouvement xénophobe, après la diffusion d'images de manifestants des défilés de Pegida exprimant avec virulence leur rejet des étrangers.
Un message répété au cours d'une conférence de presse lundi aux côtés de M. Bachmann, dans laquelle les deux responsables ont pris leurs distances avec les "extrémistes de droite" et présenté leur démarche comme étant "pacifique".
Mercredi soir, alors que 15.000 personnes ont répondu au mort d'ordre anti-islam de la manifestation de Leipzig, face à plus de 20.000 contremanifestants, des fissures sont pour la première fois apparues au sein de la galaxie Pegida.
"Rien de ce qui sera dit ou exigé ce soir à Leipzig n'a été décidé avec nous. Cela peut s'avérer contre-productif pour le caractère unitaire de notre mouvement", a déclaré Kathrin Oertel au nom du groupe de Dresde, disant envisager "une action en référé".
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