Le leader du mouvement anti-islam allemand Pegida, Lutz Bachmann, a démissionné mercredi, après la parution dans la presse d'une photo prise de lui en Adolf Hitler et la révélation de propos outranciers sur les réfugiés.
"Oui, je quitte la direction" du mouvement, a déclaré M. Bachmann au quotidien populaire Bild, une information confirmée à l'AFP par la porte-parole de Pegida, Kathrin Oertel.
"Je présente des excuses sincères à tous les citoyens qui ont pu se sentir offensés par mes publications (sur Facebook)", affirme M. Bachmann, dans un communiqué diffusé sur la page de Pegida, mouvement des "Patriotes européens contre l'islamisation de l'Occident".
L'authenticité de la photo retrouvée sur Facebook et rendue publique par plusieurs journaux avait été confirmée par Mme Oertel, qui l'avait d'abord qualifiée de "plaisanterie".
Interrogé par Bild, le dirigeant de Pegida, mouvement anti-islam et hostile aux immigrés qui organise à Dresde (est) des manifestations tous les lundis depuis le 20 octobre, avait expliqué avoir fait ce cliché "chez le coiffeur" lors de la parution de la version audio d'un ouvrage satirique sur Hitler, "Il est de retour" de l'Allemand Timur Vermes (2012).
D'autres déclarations de M. Bachmann, postées sur Facebook en septembre 2014, avaient également attiré l'attention. Le leader de Pegida, âgé de 41 ans et ancien braqueur, affirmait notamment qu'il n'y avait "pas de véritables réfugiés fuyant des conflits". Il les traitait également de "salauds" et de "bêtes".
Le Parquet de Dresde a dit "examiner" si ces propos constituaient une infraction, notamment celle "d'incitation à la haine raciale", a affirmé à l'AFP son porte-parole.
Plus que la photo que Mme Oertel désigne sous le nom d"Hitler selfie" et dont elle estime qu'elle constitue "une satire, ce qui est le droit de tout citoyen", la porte-parole de Pegida, explique que ce sont les propos de M. Bachmann qui ont choqué la direction du mouvement.
"En tant qu'association, nous rejetons avec la plus grande virulence les propos publiés en septembre par Lutz Bachmann sur Facebook et désormais rendus publics", a-t-elle affirmé, ajoutant : "ils ne contribuent pas à conforter la confiance dans les objectifs et les protagonistes de Pegida".
Dimanche, la manifestation hebdomadaire prévue à Dresde le lendemain avait été annulée à la demande de la police, en raison d'un "risque d'attentat concret" visant précisément Lutz Bachmann.
Depuis le 20 octobre, les rangs des manifestants de Pegida n'ont cessé de grossir à Dresde, ville de l'ex-RDA communiste où vivent pourtant peu d'étrangers, rassemblant jusqu'à 25.000 personnes lors de sa dernière édition, le 12 janvier.
Les leaders du mouvement ont longtemps refusé de s'exprimer dans les médias qualifiés de "Lügenpresse" (presse mensongère), mais dimanche soir, sur la première chaîne de télévision publique allemande ARD, Kathrin Oertel a souligné "avec fermeté" que Pegida n'était pas un mouvement xénophobe, après la diffusion d'images de manifestants des défilés de Pegida exprimant avec violence leur rejet des étrangers.
Un message répété lors d'une conférence de presse lundi aux côtés de M. Bachmann, dans laquelle les deux responsables ont pris leurs distances avec les "extrémistes de droite" et présenté leur démarche comme "pacifique".
Mercredi soir, alors qu'une manifestation sous la bannière de Pegida avait lieu à Leipzig, à une centaine de kilomètres à l'ouest de Dresde, Mme Oertel a déclaré : "Rien de ce qui sera dit ou exigé ce soir à Leipzig n'a été décidé avec nous. Cela peut s'avérer contre-productif pour le caractère unitaire de notre mouvement".
Plusieurs milliers de personnes ont répondu au mot d'ordre anti-islam des organisateurs de la manifestation de Leipzig, où les contre-manifestations semblaient réunir sensiblement plus de monde.
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