Le débat sur la fin de vie, mercredi à l'Assemblée, a montré que malgré l'ampleur des divergences sur cette question sensible, une large majorité devrait se dégager en mars autour d'une proposition de loi UMP-PS.
Ce texte, déposé par Jean Leonetti (UMP) et Alain Claeys (PS) et soutenu par François Hollande, prévoit un droit des malades incurables à une "sédation profonde et continue" jusqu'au décès et le strict respect des directives anticipées, mais en revanche il ne consacre pas le suicide assisté.
"Faisons en sorte" que ces discussions "permettent d?avancer vers un droit nouveau: celui de mourir dans la dignité", a lancé le Premier ministre Manuel Valls devant quelques dizaines de députés rassemblés pour ce débat sans vote.
Lui-même rapporteur en 2009 d'une proposition de loi PS sur la fin de vie, M. Valls s'est attaché à rassurer ceux qui craignent une porte ouverte au "suicide assisté" et à l'euthanasie, et a appelé les parlementaires au "rassemblement" et "consensus".
Une volonté de consensus affirmée à la tribune par les deux auteurs de la proposition de loi qui ont chacun défendu la logique de leur texte. Celui-ci, selon Alain Claeys, répond "à la demande des Français de bénéficier d?une mort apaisée".
Il s'agit d'apporter le "droit de dormir avant de mourir pour ne pas souffrir", a résumé Jean Leonetti qui a situé la proposition dans la continuité de la loi actuelle, datant de 2005, qui porte son nom, et qui refuse l'acharnement thérapeutique.
Cette garantie apportée par une personnalité respectée à l'UMP amenait, dès avant le débat, le président du groupe Christian Jacob à déclarer que "la ligne (de la proposition de loi) convient".
- Manifestations limitées -
Mais pour une vingtaine de parlementaires de l'opposition, membres de la conservatrice Entente parlementaire pour la famille, et auteurs d'une tribune commune dans lefigaro.fr, le texte "s'aventure sur la pente glissante d'un droit à la mort".
En des termes souvent moins vifs, plusieurs députés, tels Bernard Debré, Xavier Breton ou Hervé Mariton, se sont exprimés mercredi en ce sens dans l'hémicycle.
Des manifestations anti-euthanasie, d'ampleur limitée, ont d'ailleurs été organisées à la mi-journée dans plusieurs villes, à l'appel d'associations rassemblées sous le sigle "Soulager mais pas tuer", avec en tête Alliance Vita, proche de la Manif pour tous.
Il y avait notamment 300 personnes à proximité du Palais Bourbon pour dénoncer un projet d'"euthanasie masquée", 120 à former une chaîne humaine à Nantes, une centaine à Marseille, Toulouse et Caen, 70 à Rennes, et encore 40 à Bordeaux, à porter des silhouettes blanches en carton représentant des personnes en fin de vie.
A gauche, les partisans d'une "aide médicale à mourir" sans ambiguïté ont annoncé pour la plupart qu'ils soutiendraient la proposition de loi Claeys-Leonetti, tout en la jugeant insuffisante et en continuant leur combat pour aller ensuite plus loin.
Cela est le cas des écologistes dont une proposition de loi autorisant le suicide assisté et l'euthanasie dans certains cas a été rejetée mercredi matin en commission à l'Assemblée, avant un probable nouveau rejet dans l'hémicycle le 29 janvier.
Son auteur, Véronique Massonneau, a estimé que les propositions Leonetti-Claeys "vont permettre qu?on meure moins mal en France" mais "ne répondent pas à toutes les questions, elles se refusent encore à aborder la question de l?aide active à mourir".
Même attitude chez les radicaux de gauche, même si l'un des députés du groupe, Olivier Falorni, s'est montré très sévère en reprochant au gouvernement "l'obstination déraisonnable du statu quo".
François Hollande, qui avait promis durant la campagne présidentielle un droit à "une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité" et avance prudemment sur les sujets de société depuis le Mariage pour tous, a fait "siennes" les propositions Claeys-Leonetti.
Le président du Conseil national de l'Ordre des médecins s'est déclaré mercredi en faveur de la légalisation d'un droit à la sédation pour les malades en phase terminale, estimant qu'il ne s'agissait pas d'une "euthanasie déguisée".
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