Deux semaines après les attentats, l'exécutif a annoncé mercredi un renforcement de plus de 2.600 emplois dédiés à la lutte contre le terrorisme, ainsi que le maintien de 7.500 postes de militaires qui devaient être sabrés.
Lors d'une conférence de presse à l'Elysée à l'issue du Conseil des ministres, Manuel Valls a détaillé et complété les "mesures concrètes" prises par le gouvernement pour faire face à l'essor de la menace jihadiste.
Le Premier ministre a au passage nettement révisé à la hausse le nombre officiel de personnes à surveiller: ils sont "près de 3.000", a-t-il dit, en additionnant les 1.800 personnes impliquées dans les filières jihadistes étrangères (dont 1.300 pour la Syrie et l'Irak) au millier de personnes gravitant dans "la sphère cyber-djihadiste francophone". Et ce alors que quatre hommes interpellés, soupçonnés d'avoir apporté leur aide à l'un des tueurs, Amédy Coulibaly, ont été mis en examen et écroués dans la nuit.
Face à ce "changement d'échelle" et ce "défi redoutable", l'essentiel des annonces de M. Valls, qui complètent une première salve la semaine dernière à l'Assemblée nationale, concerne le renforcement des moyens.
Au total, ce sont 2.680 postes de plus que ce qui était prévu qui seront créés. Quelque 1.400 dépendront de l'Intérieur (dont 1.100 pour le seul renseignement), 950 de la Justice et près de 250 dans la Défense. Soixante postes d'aumôniers musulmans en prison seront également créés.
- Porte ouverte à l'indignité nationale -
S'ajoutent 425 millions d?euros de crédits d?investissement et d?équipement sur trois ans (investissements informatiques, gilets pare-balles, nouveaux armements et véhicules pour la police). En y additionnant les salaires des emplois créés, l'enveloppe atteint 735 millions d'euros, selon Matignon.
Alors que Paris est toujours dans le collimateur de Bruxelles pour ses déficits publics hors des clous européens, le gouvernement entend financer ces dépenses nouvelles "par des économies" équivalentes ailleurs dans le budget de l'Etat, a assuré Manuel Valls.
Au moment où l'exécutif cherche à prolonger l'unité nationale qui a prévalu après les attentats, le Premier ministre a également laissé la porte ouverte à l'idée d'une peine d'"indignité nationale" proposée par la droite, en confiant "une réflexion transpartisane" à deux parlementaires, Jean-Jacques Urvoas (PS) et Philippe Bas (UMP).
Quant au projet de loi sur le renseignement préparé par Jean-Jacques Urvoas, un proche du Premier ministre, il sera présenté en Conseil des ministres "le plus vite possible" et transmis au Parlement en mars, selon M. Valls. Le vote définitif de ce projet de loi devrait avoir lieu en juin.
Toutes les mesures s'inscriront "dans le respect de l'Etat de droit", a promis la ministre de la Justice Christiane Taubira.
A ce volet sur la police, le renseignement et la justice, s'est ajouté un coup de frein à la baisse des effectifs militaires, alors que le plan Vigipirate mobilise 10.500 militaires, dix fois plus qu'avant les attentats.
L'Elysée a annoncé, au terme d'un conseil de Défense au palais présidentiel à la mi-journée, que l'armée française supprimerait 7.500 postes de moins que prévu sur 2015-2019, dont 1.500 dès 2015. Soit un coup de sabre environ 30% moindre que les 26.000 coupes prévues jusque-là.
Dans la foulée des attentats les plus meurtriers en France depuis la guerre d'Algérie, l'exécutif poursuit cette journée largement consacrée à l'après-attentats, avec un discours du chef de l'Etat François Hollande sur l'école.
Au-delà de la sécurité, l'exécutif veut en effet étendre les leçons à tirer des attentats à l'ensemble de la société (école, jeunesse, "quartiers")
Manuel Valls, dont les propos sur "l'apartheid" continuent à diviser la classe politique, a d'ailleurs confirmé que sa ministre de l'Education, Najat Vallaud-Belkacem, présenterait jeudi des mesures marquant l'"engagement résolu à former les futurs citoyens aux valeurs de la République".
En parallèle des annonces françaises, la Commission européenne s'est elle dite prête à modifier sa proposition de création d'un registre européen des passagers aériens (PNR), paralysée depuis quatre ans.
Le principe de ce fichier a été approuvé en 2011 par les Etats membres de l'UE, qui y voient un outil de lutte contre le ralliement de jeunes Européens au jihad en Syrie et en Irak. Mais la directive sur le PNR est bloquée depuis 2011 au Parlement européen.
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