Pour la troisième journée consécutive, les violences ont repris mercredi à Kinshasa, où la police est intervenue pour disperser de nouveaux rassemblements de jeunes hostiles au président congolais Joseph Kabila.
Dans l'après-midi, le porte-parole du gouvernement Lambert Mende a cependant déclaré à l'AFP que, malgré "quelques foyers de tension", la situation est redevenue "calme" dans la turbulente mégapole de dix millions d'habitants.
Selon lui, "onze personnes, dont un policier et dix pillards, ont été tués (depuis lundi) dans les troubles et une cinquantaine d'acteurs économiques chinois ont été attaqués". Un bilan qui atteint 28 morts, selon une organisation congolaise de défense des droits de l'homme.
"343 pillards vont être présentés à la justice. Ils ont été arrêtés sur le terrain en flagrant délit", a précisé le porte-parole.
Le signal de RFI et de la radio catholique Elikya ont été temporairement coupés "pour avoir donné des informations concernant les manifestations", selon M. Mende.
Toute la matinée, des affrontements sporadiques se sont poursuivis dans les environs de l'université de Kinshasa, où les étudiants jouaient, en pleine chaleur, au chat et à la souris avec la police, aux cris de "Kabila dégage", a constaté une journaliste de l'AFP.
Dans le quartier de Ndjili, proche de l'aéroport international, un poste mobile de police a été détruit par un groupe de jeunes scandant des slogans hostiles au chef de la police de Kinshasa, le général Celestin Kanyama.
Là aussi, les policiers tentaient de disperser les groupes de manifestants à coups de grenades lacrymogène.
L'église catholique a réagi à cette spirale de violences. L'archevêque de Kinshasa, Laurent Monsengwo, a appelé les autorités congolaises à ne pas "tuer" leurs concitoyens.
"Nous () lançons vivement cet appel: arrêtez de tuer votre peuple", écrit l'archevêque , dans un communiqué reçu mercredi par l'AFP. "Certains hommes politiques, avec les forces de l'ordre, sèment la désolation et créent l'insécurité générale", accuse le prélat.
- Ecoles fermées -
Internet était toujours coupé mercredi, les services 3G et les SMS indisponibles, et la plupart des écoles de Kinshasa étaient fermées, selon des journalistes de l'AFP et des habitants.
Les émeutes ont débuté lundi pour protester contre l'examen par le Parlement d'une nouvelle loi électorale controversée, qui pourrait entraîner un report de l'élection présidentielle et permettre ainsi au président Kabila de se maintenir au pouvoir au-delà du terme de son mandat en 2016.
Des émeutiers ont incendié mardi une mairie à Kinshasa, et de nombreux pillages ont eu lieu.
A Goma, la grande ville de l'est de l'immense pays, la police a dispersé mercredi à coups de gaz lacrymogènes une centaine d'étudiants qui avaient dressé une barricade sur la route menant à l'université, a constaté un journaliste de l'AFP.
L'archevêque Monsengwo a condamné dans le même communiqué le projet de révision de la loi électorale. "Nous désapprouvons et condamnons toute révision de la loi électorale" qui prolongerait "illégalement les échéances électorales de 2016", a assuré le cardinal congolais.
"Nous appelons notre peuple à rester vigilant pour s'opposer par tous les moyens légaux et pacifiques à toute tentative de modification des lois essentielles au processus électoral", a écrit le prélat, appelant aussi à "éviter tout pillage".
Ces évènements interviennent deux mois après le renversement du président Blaise Compaoré fin octobre au Burkina Faso. Après 27 ans de règne, M. Compaoré avait été balayé du pouvoir en quelques jours par d'immenses manifestations de rue, après avoir voulu modifier la Constitution pour pouvoir se représenter au scrutin présidentiel.
Immense pays frontalier de neuf autres, la RDC est l'un des plus pauvres du monde. L'ex-Zaïre a été ravagé par deux guerres entre 1996 et 2003 après trois décennies de dictature de Mobutu Sese Seko et de pillages généralisés des richesses nationales.
Joseph Kabila est arrivé à la tête de l?État à la mort de son père, Laurent-Désiré Kabila, chef rebelle qui a chassé le maréchal Mobutu par les armes en 1996 et a été assassiné en janvier 2001. Il a été élu président en 2006 lors des premières élections libres du pays depuis son indépendance de la Belgique en 1960.
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