De hauts responsables cubains et américains sont réunis mercredi à La Havane pour la première fois depuis 35 ans afin d'engager un dialogue qui doit fixer les bases du rapprochement historique entre les deux pays.
Inscrite dans le prolongement de l'annonce de la normalisation de leurs relations par les présidents Obama et Raul Castro le 17 décembre, la première phase de ces discussions est consacrée mercredi à la révision des accords migratoires entre ces deux pays distants de moins de 200 km.
Des débats à huis clos, ouverts vers 9H00 locales (14H00 GMT), sont menés par le sous-secrétaire d?État pour les Amériques Alex Lee, et côté cubain par la directrice des États-Unis au ministère des Affaires étrangères, Josefina Vidal.
La sous-secrétaire d?État pour l'hémisphère occidental, Roberta Jacobson, ne participera pas à cette première journée de négociations, mais son arrivée prévue à la mi-journée marquera la première visite d'un responsable américain de ce niveau dans l'île depuis 1980.
Jeudi, les débats seront centrés sur le rétablissement des relations diplomatiques rompues en 1961, dont la réouverture d'ambassades est le volet le plus attendu.
"A Cuba, nous mettons un terme à une politique qui a dépassé sa date d'expiration. Quand ce que vous faites ne marche pas pendant 50 ans, il est temps d'essayer quelque chose de nouveau", a tenu à rappeler mardi soir le président américain dans son discours sur l'état de l'Union.
Sur le volet migratoire, en vertu de ces accords signés en 1994, Washington s'engage à limiter les octrois de visas d'immigration et à renvoyer vers Cuba les migrants illégaux interceptés en mer. De son côté, La Havane est censée admettre les expulsés et lutter contre l'immigration illégale.
- La 'loi d'ajustement' en question -
Malgré plusieurs périodes de tensions, les deux parties ont globalement rempli leur part du contrat avant d'assouplir progressivement les conditions de voyage de part et d'autre du détroit de Floride.
En toile de fond de ces débats migratoires plane l'ombre de la "loi d'ajustement", adoptée en 1966 par les Américains et qui offre des facilités d'installation aux émigrés cubains. Ce texte est vivement contesté par La Havane qui le voit comme un encouragement à l'émigration sauvage et dangereuse à travers le détroit de Floride.
Officiellement, seul le Congrès est habilité à abroger cette loi, mais plusieurs experts assurent que la Maison Blanche a la possibilité de la vider de sa substance, nourrissant les craintes de nombreux Cubains alors que les interceptions d'illégaux ont doublé en décembre 2014 par rapport au même mois de l'année précédente, d'après des données des garde-côtes américains.
Dans l'immédiat, "il n'y a aucun projet de modifier la politique américaine au sujet de la loi d'ajustement", a tranché en début de semaine un responsable du Département d'Etat.
- Les droits de l'homme au menu ? -
En revanche, le président Obama a déjà indiqué qu'il soumettrait bientôt aux parlementaires la levée de l'embargo commercial et financier imposé à l'île communiste depuis 1962, même si la majorité républicaine a déjà annoncé son opposition au projet.
Mardi soir, il a appelé à "tendre une main amicale au peuple cubain".
Dans le même effort de réconciliation, il s'est engagé à étudier le retrait de Cuba de la liste américaine des pays soutenant le terrorisme, qui coupe Cuba de l'assistance des institutions financières internationales.
La semaine dernière, Washington a aussi levé une série de restrictions commerciales et de voyages, et assoupli les transferts de fonds de migrants cubains.
Cuba a de son côté libéré 53 prisonniers politiques figurant sur une liste remise par les États-Unis, mais Washington assure ne pas être dupe sur les intentions du gouvernement communiste dans les domaines des droits de l'homme et de l'ouverture politique.
"Nous n'entretenons aucune illusion sur ce gouvernement et sa volonté d'appliquer ces droits universels", admettait récemment le département d?État, soutenant que "les engagements sur les droits de l'homme et la démocratie resteront au centre" des discussions.
Même si une large majorité d'Américains salue le changement de politique envers Cuba, plusieurs élus républicains et une partie de la dissidence cubaine critiquent Washington pour n'avoir rien obtenu en échange.
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