Le japonais Toyota, champion incontesté du secteur de l'automobile depuis 2012, a gardé son titre l'an passé devant l'allemand Volkswagen, mais cette distinction symbolique pourrait bientôt lui échapper.
Les deux constructeurs ont franchi la barre des 10 millions de véhicules vendus en un an, pour la première fois de l'histoire, avec un avantage au nippon, selon ses chiffres publiés mercredi, une semaine après ceux de ses rivaux.
Le fabricant de la citadine Yaris et de la voiture hybride Prius a dépassé son objectif annuel en écoulant 10,23 millions d'automobiles (+3%), grâce à l'ensemble de ses marques (Toyota, luxe Lexus, mini-véhicules Daihatsu, poids lourds Hino), contre 10,14 millions (+4,2%) pour Volkswagen.
En 2015, Toyota table sur 10,15 millions (-1%), un total que le mastodonte allemand a de fortes chances de dépasser. Même si VW n'a pas livré de projections, il affiche de grandes ambitions, notamment en Chine où il prévoit d'ouvrir de nouveaux sites de production, et pourrait ainsi bousculer le palmarès.
Le géant japonais basé dans la région de Nagoya, qui s'appuie sur 330.000 employés et une cinquantaine d'usines dans le monde, avait conquis en 2008, au début de la crise financière internationale, la première place mondiale, monopolisée par l'américain General Motors (GM) durant plus de 70 ans.
Toyota est depuis resté maître du secteur, à l'exception d'un intermède d'un an à cause du séisme et du tsunami du 11 mars 2011 dans le nord-est du Japon.
GM en avait alors profité pour s'imposer de nouveau. Ensuite, la firme de Detroit a été rétrogradée, et ne parade plus qu'au troisième rang, avec 9,92 millions de véhicules vendus en 2014.
- Priorité à la profitabilité -
Loin de fanfaronner, Toyota dit préférer "éviter toute comparaison avec les résultats des autres compagnies". "Nous allons continuer à nous concentrer sur la production des voitures, une par une", a simplement commenté un porte-parole dans une déclaration transmise à l'AFP.
"Leur but n'est pas d'être numéro un", estime Peggy Furusaka, analyste chez Moody's Investors Service, citée par Bloomberg News. "Toyota est plus soucieux de maintenir sa rentabilité que de se lancer dans une course aux chiffres.".
A la différence de l'allemand, le groupe dirigé par Akio Toyoda, petit-fils du fondateur, a décidé de ne pas construire de nouvelles usines pendant trois ans, jusqu'en mars 2016, dans le but de "renforcer sa compétitivité".
"Si la demande dépasse notre capacité de production utilisée à son maximum, alors nous envisagerons de l'augmenter après un examen attentif des tendances de marché", a-t-il ajouté.
L'hypothèse est cependant peu probable, du moins en 2015, sur fond de conjoncture défavorable au Japon - où ses ventes sont attendues en recul de 9% - et dans le reste de l'Asie, que ce soit dans les pays émergents (Indonésie, Thaïlande) ou en Chine où la croissance économique s'essouffle.
Toyota est en revanche très bien placé aux Etats-Unis, malgré une série de rappels pour cause d'airbags défectueux de l'équipementier japonais Takata.
Du côté financier, sa stratégie semble gagnante. Il enchaîne les performances inédites, bien aidé, il est vrai, par l'affaiblissement du yen provoqué par la stratégie "abenomics" lancée fin 2012 par le Premier ministre Shinzo Abe.
Plus que certains compatriotes, notamment Nissan qui a fortement délocalisé sa production à l'époque du yen fort, Toyota, dont plus de 40% des automobiles sont assemblées sur le sol nippon, se délecte de cette évolution de la devise nippone.
Début novembre, il a relevé ses prévisions pour l'exercice comptable clos fin mars 2015: il escompte désormais un bénéfice net en hausse de 10% sur un an tandis que le chiffre d'affaires pourrait progresser de 3% à près de 200 milliards d'euros (au taux de change estimé par le groupe).
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