Le dessinateur Riss, blessé dans l'attentat contre Charlie Hebdo, doit diriger l'hebdomadaire dont le prochain numéro paraîtra "dans les semaines à venir" et veut le "réinventer" et "transformer cette épreuve en quelque chose de créatif", mardi dans un entretien au Monde.
"Il nous faut réinventer le journal. Il faut transformer cette épreuve en quelque chose de créatif. Ce n'est pas évident. Au journal, certains ont du mal à dépasser cela. Moi-même, je ne sais pas si, une fois sorti de l'hôpital, j'arriverai à le faire. On va essayer, en tout cas", a déclaré Riss, alias Laurent Sourisseau, qui s'exprime pour la première fois depuis l'attaque.
Riss succédera au dessinateur Charb, tué dans l'attentat du 7 janvier qui a fait 12 morts à Charlie Hebdo, dont Cabu et Wolinski.
"Malgré l'hécatombe, il y a toujours une équipe () Après, il y a le problème du dessin, qui est capital pour l'identité de Charlie. Et là, on a vu disparaître des poids lourds et ce n'est pas demain la veille qu'on trouvera des gens aussi extraordinaires. Un jour peut-être, mais il y a presque une autre génération de dessinateurs à faire venir", a ajouté le dessinateur, estimant que c'était au tour des survivants de "transmettre aux plus jeunes".
"Au début, j'étais assez angoissé à l'idée que les tueurs viennent à l'hôpital m'achever. Je me demandais s'il n'y avait pas une autre équipe en sommeil, chargée de chercher les rescapés", a raconté celui qui est sorti mardi de l'hôpital.
"Le prochain numéro ne paraîtra pas le 28 janvier mais dans les semaines à venir. A plus long terme, il faudra une refondation. Mais il faut la mûrir", a jugé Riss, qui va diriger Charlie Hebdo en binôme avec le rédacteur en chef Gérard Biard, soulignant néanmoins que "c'est la dynamique collective qui donnera la direction".
Concernant les "1,6 million d'euros" de dons reçus, le nouveau patron du journal a expliqué qu'il allait "demander l'aide de la Cour des comptes, pour les recevoir, les distribuer et les contrôler".
"Certains ont fait des dons pour les familles des victimes, d'autres pour le journal et d'autres pour +Je suis Charlie+ ? ce n'est pas une association mais nous sommes en contact avec Joachim Roncin (le journaliste et designer auteur du slogan, ndlr) pour en faire quelque chose. Les recettes des ventes du numéro en cours vont, elles, à l'entreprise Charlie Hebdo", a-t-il ajouté.
A propos des voix discordantes, Riss a estimé qu'"on a le droit de dire +Je ne suis pas Charlie+". "La question est de le dire pour de bonnes ou de mauvaises raisons. Si c'est pour défendre des terroristes, là j'ai du mal? Après, on est en démocratie. Tout le monde n'est pas obligé d'aimer Charlie", a-t-il conclu dans les colonnes du Monde.
Interrogé mardi soir sur par France 2 sur ceux qui se sentent offensés par la dernière couverture, Riss a répondu : "c'est inévitable, à partir du moment où vous vous exprimez, tout le monde n'a pas la même opinion. Mais ça fonctionne dans les deux sens. Nous aussi nous acceptons des choses qui nous heurtent". "C'est l'apprentissage pour nous tous, peut-être à l'échelle mondiale, de vivre avec ce qui est différent de soi".
Il a aussi expliqué que les manifestations de soutien lui avaient fait "chaud au coeur" et s'est réjoui que "dans ce pays il y (ait) encore des gens prêts à se mobiliser".
A propos de l'avenir de Charlie Hebdo, il a ajouté : "on fera ce qu'on sait faire. On ne va pas inventer autre chose. On est un journal satirique et humoristique, on continuera", et il a souhaité que Charlie vive "le plus longtemps possible".
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